EN TUNISIE, la contestation se poursuit : une bonne partie du peuple tunisien continue d’exiger la disparition de tous les vestiges de l’ordre ancien alors qu’il reposait sur un parti, le PSD, issu du néo-destour de Bourguiba, et formé de quinze pour cent des citoyens. Trouver de nouveaux cadres dans la seule opposition représente, pour les dirigeants actuels, une tâche impossible. Même le Premier ministre, Béji Caid Es Sebsi, âgé de 84 ans, a côtoyé l’ancien pouvoir. D’une part, il est difficile de reprocher aux Tunisiens leur désir de nettoyer les écuries d’Augias ; d’autre part, le premier enjeu, qui est économique, impose un minimum de gestion quotidienne, au moment où le tourisme, grand pourvoyeur d’emplois, est en train de perdre la saison estivale.
La menace islamiste n’est pas levée. Ennahda en Tunisie et les Frères musulmans en Égypte bénéficient d’un soutien populaire qui s’exprimera quand des élections auront lieu (elles devraient être tenues en juillet en Tunisie, ce qui semble trop proche au regard des manifestations actuelles de mécontentement populaire). La révolution égyptienne n’a pas empêché les assassinats de coptes chrétiens. La politique à l’égard d’Israël est beaucoup plus ferme que du temps de Hosni Moubarak et les relations entre les deux pays sont au point mort, alors que l’Égypte, jusqu’à présent, avait joué un rôle stabilisateur au Proche-Orient.
En Libye et en Syrie, deux infâmes dictatures ont choisi la répression et ne craignent pas de livrer aux opposants une guerre où elles disposent de toutes les forces armées contre des individus désarmés en Syrie, contre des insurgés combattus avec rage et mépris en Libye. Les frappes de l’OTAN ne sont pas concluantes. La guerre civile libyenne s’enlise, bien que les pays membres de l’OTAN aient dépassé le mandat que l’ONU leur a confié.
L’ENTHOUSIASME EXCESSIF POUR LES RÉVOLUTIONS ARABES A ENTRAÎNÉ DES ESPOIRS PRÉMATURÉS
L’enthousiasme était disproportionné et prématuré, le pessimisme serait excessif. Il fallu 76 jours de bombardements de l’OTAN sur la Serbie pour que Milosevic lâche enfin le Kosovo. Il en faudra peut-être plus pour venir à bout de Kadhafi, qui n’a plus rien à perdre et sait le sort qui l’attend s’il est vaincu en définitive. Tous ceux qui, en France, ont soutenu les révolutions arabes, mais ont fait au gouvernement occidentaux le grief que leur inspirait sa pusillanimité, devraient avoir le courage de reconnaître que le chaos produit ses efffets négatifs avant d’instaurer le changement. Ce qui n’enlève rien au courage des insurgés arabes dont la seule revendication était la liberté et qui savent que les maux dont ils souffrent n’ont rien à voir avec les boucs émissaires (Israël, l’Amérique) que leur proposaient leurs régimes schizophrènes. Lesquels coopéraient avec les Israéliens et les Américains tout en les désignant à la vindicte publique. On admire les rebelles libyens qui meurent pour leur cause sans avoir la moindre certitude sur l’issue de la bataille, et les manifestants syriens qui se battent à mains nues contre des chars, et n’ont pas, à l’heure qu’il est, le moindre espoir de renverser le régime. Pas plus que l’opposition iranienne ne peut croire aujourd’hui que la révolte musulmane au nord de l’Afrique contaminera Téhéran.
Peut-on dire, dans ces conditions, que la mise à bas du régime algérien actuel, avec lequel la France coopère énormément sur le plan économique et sur le plan de la lutte contre le terrorisme, ne ferait pas l’affaire de notre pays ? Pourtant, en Algérie, la stagnation économique et politique fait des ravages. C’est un pays qui ne réalise pas la moitié de son potentiel économique et social, qui ne distribue pas ses revenus gaziers et pétroliers, qui se contente d’une demi-liberté de la presse sans se préoccuper d’une jeunesse à l’abandon.
De leur mieux.
Comme partout ailleurs, la réforme est infiniment plus souhaitable que la révolution. Il appartient aux potentats en place de quitter le pouvoir, en Syrie, en Iran, au Yémen, en Algérie, et d’organiser une succession non pas par la désignation d’un autre homme providentiel mais en organisant des élections libres et contrôlées par l’ONU. Le réalisme ne nous permet pas d’imaginer qu’un Mouammar Kadhafi ou un Bachar el Assad s’y résoudraient. Leur obsession du pouvoir explique la ténacité de leurs opposants. La France et quelques-uns de ses alliés ont fait de leur mieux. C’était facile de leur reprocher leur manque de réactivité en Tunisie ou en Égypte. Il a pourtant fallu énormément de courage à M. Sarkozy et au Britannique David Cameron pour engager leurs pays dans une campagne de bombardements en Libye ; et le gouvernement français a su nouer des liens avec les pouvoirs transitoires en Tunisie et en Égypte. Et maintenant, qu’est-ce que les censeurs du gouvernement ont à dire à propos de notre inaction en Syrie ? Préconisent-ils une intervention militaire au moment où ils réclament l’évacuation de nos troupes en Afghanistan ? Au moment où nous sommes engagés, presque au-delà de nos moyens, en Afrique sub-saharienne, au Liban, et ailleurs ?
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