AU COEUR de la crise française, il y a la cruelle insuffisance du pouvoir d’achat. Pendant que les prix ne cessent d’augmenter sous l’effet de la mondialisation et de la demande gloutonne des pays émergents, les salaires stagnent et les chômeurs ne trouvent pas d’emploi. Ridiculisé pour ses slogans de la campagne électorale de 2007 (« Travailler plus pour gagner plus »), le président de la République s’emballe pour une idée nouvelle, la remise d’une prime de 1 000 euros par an aux salariés des entreprises qui versent des dividendes ; il croit y trouver une façon de réduire les inégalités. En effet, c’est en se « restructurant » (ce qui veut dire licencier) en permanence que les grandes sociétés du CAC 40 parviennent à afficher des résultats éblouissants ; c’est pour que les acteurs du marché se portent vers leurs actions qu’elles récompensent les actionnaires bien plus qu’elles ne réservent une partie des bénéfices pour les augmentations de salaires ou pour l’embauche. Le salarié est la victime expiatoire d’un système qui n’a plus aucune bonne raison économique ou financière de le récompenser. M. Sarkozy veut mettre un terme à ce cercle vicieux.
Dépérir, puis périr.
Compte tenu du mépris de la société contemporaine pour le travail, la volonté du président de rééquilibrer un peu les revenus du capital et du travail apparaît comme salutaire. Mais le chef de l’État connaît suffisamment ses dossiers pour savoir que si des millions de salariés ne reçoivent pas d’augmentation, c’est parce que les entreprises qui les leur accorderaient risqueraient de dépérir ou même de périr tout court. C’est bien la raison pour laquelle le gouvernement a très peu augmenté le SMIC ces trois dernières années et n’envisage une hausse de 2 % du salaire minimum ce mois-ci que sous l’effet de l’inflation. Ce qui laissera aux Smicards la somme nette mensuelle de 20 euros supplémentaires. Pas de quoi acheter une chemise neuve. Certes, ce n’est pas du tout une raison de refuser la prime de 1000 euros et, en dépit de leur scepticisme, les syndicats ne la rejettent pas. Ils souhaitent cependant que l’on trouve les voies et moyens d’augmenter tous les salaires pour rattraper des années de stagnation. Et que l’on commence par les salaires les plus bas.
LA HAUSSE DES SALAIRES EST INDISPENSABLE MAIS ELLE RISQUE DE DÉTRUIRE DES EMPLOIS
La vérité est que le remède n’existe pas. La générosité sociale, en l’occurrence, ferait plus de mal que de bien si elle se traduisait à terme par des difficultés pour les entreprises employant de faibles effectifs, ou par leur disparition. Depuis 2007, le gouvernement s’efforce, dans la perspective d’une hausse des revenus salariaux, d’exonérer les charges sociales, par exemple les heures supplémentaires, et maintenant la prime de 1 000 euros. Il fait un raisonnement simple : plus on mettra de l’argent dans les poches des salariés plus ils contribueront à la relance de l’économie, donc à l’augmentation d’un produit national brut insuffisant.
En bonne logique, ce devrait être aussi l’objectif des entreprises qui, si elles perdent progressivement des clients, finiront par mettre la clé sous la porte. Cela ne concerne que les sociétés non exportatrices, celles qui dépendent de la consommation intérieure et qui préfèrent ne verser que des salaires maîtrisés dans leur secteur que songer à aider d’autres entreprises à trouver des clients. Il n’est pas facile de diriger une entreprise et de la maintenir à flots. Tous les patrons ne sont pas des brutes. Ils se contentent de survivre dans un monde économique qui est férocement concurrentiel. De sorte que les idées qui consistent à augmenter artificiellement le pouvoir d’achat portent en elles un danger sérieux, celui de nuire aux salariés eux-mêmes qui, en obtenant une augmentation risquent du même coup de perdre leur emploi. C’est la crise qui étouffe les revendications, c’est elle qui balaie les protestations et manifestations, c’est elle qui a permis le passage de la réforme des retraites, c’est encore elle qui autorise le gouvernement à geler les salaires des fonctionnaires. En revanche, les companies qui surfent sur la vague de la prospérité doivent être contraintes (si elles sont incapables de se soucier du sort de leurs employés) à rétribuer le travail au même titre que le capital. Mille euros ? Pourquoi pas plus ? Ou moins ? En réalité, M. Sarkozy n’a mentionné ce nombre que pour faire son effet. La prime annuelle doit être déterminée au terme d’une négociation syndicats-patronat.
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