L’ÉTUDE publiée le 5 septembre dans « European Neuropsychopharmacology » fera date, affirme l’ECNP. Multiméthodes, triennale, elle porte sur 30 pays (l’Union européenne, ainsi que la Suisse, l’Islande, et la Norvège) et 514 millions d’individus. Elle prend en compte, de façon inédite, toutes les maladies mentales majeures des enfants et adolescents, adultes, et personnes âgées. Et les résultats sont sans appel.
Chaque année, 38,2 % de la population européenne, soit 164,8 millions d’individus, de tous âges, sont atteints d’un trouble psychique ou neurologique. Les pathologies les plus fréquentes sont les troubles anxieux (14 %), l’insomnie (7 %), la dépression majeure (6,9 %), les troubles somatoformes (6,3 %), la dépendance à l’alcool et aux drogues, ainsi que la démence, seule à connaître une augmentation significative depuis le précédent rapport de 2005, en raison de l’accroissement de l’espérance de vie. Sans compter, précise l’étude, les maladies neurologiques comme l’ictus apoplectique, les traumatismes cérébraux, la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques, qui viennent s’ajouter à ce premier recensement. Au total, ces maladies du cerveau sont responsables de 26,6 % de la morbidité européenne.
Une action concertée.
Au-delà de ces chiffres, les experts du Collège européen de neuropsychopharmacologie dénoncent l’insuffisance des traitements. Seulement un tiers de malades sont soignés, un taux qui n’a pas évolué depuis 2005. Pire, « les rares personnes recevant un traitement n’y ont accès qu’après des délais considérables de plusieurs années et n’ont que rarement accès aux traitements appropriés, conformes à l’état de l’art ».
Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer cette situation : la fragmentation des disciplines dans les domaines de la recherche et de la pratique, la stigmatisation des troubles du cerveau et l’absence de sensibilisation du public à ces problématiques.
« Une action concertée prioritaire est nécessaire à tous les niveaux, y compris une augmentation substantielle du financement de la recherche fondamentale et clinique et de la santé publique » conclut l’étude. Hans-Ulrich Wittchen, principal expert, développe 2 perspectives en ce sens. « Premièrement, il faut combler la lacune thérapeutique énorme attestée dans le domaine des maladies mentales », écrit-il, soulignant que les traitements doivent cibler les plus jeunes, car les maladies mentales s’installent précocement chez les sujets. Il préconise également d’adopter une approche simultanée des maladies mentales et neurologiques afin de mieux comprendre les causes et solutions des troubles du cerveau : « Les deux groupes de pathologies ont en commun de nombreux mécanismes et présentent des effets de réciprocité mutuelle ». Seule l’augmentation dramatique des fonds consacrés à la recherche permettra de relever ce défi du XXIe siècle, encore méconnu du grand public.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation