La pandémie a-t-elle mis en valeur le rôle clinique des pharmaciens au sein de l’hôpital ?
Cyril Boronad. La crise Covid a transformé nos organisations, notre quotidien. Elle a permis de pointer la place centrale du pharmacien au sein de l’hôpital dans la gestion des produits de santé. L’investissement a été majeur. A contrario, d’autres missions en ont pâti durant cette période critique. Nous n’étions certes pas en première ligne comme les services de réanimation ou d’infectiologie. Mais nous sommes une force d’appui indispensable à la bonne prise en charge des patients. La gestion des vaccins Covid a démontré que l’investissement et le savoir-faire des PUI était un maillon essentiel de ce dispositif exceptionnel. La pénurie de sédatifs dans les premières semaines largement relayée dans les médias s’inscrit dans un phénomène plus large qui nous frappe depuis plusieurs années. Au-delà des médicaments prescrits dans les services de réanimation, nous avons dû gérer également les pénuries des équipements de protection stériles des soignants ou de solution hydroalcoolique. Cela a été un travail quotidien d’adaptation aux besoins. La crise Covid a illustré l’importance de nos missions d’approvisionnement, de logistique mais aussi notre appui aux cliniciens afin d’adapter en permanence des pratiques thérapeutiques.
Comment avez-vous réussi à surmonter tous les obstacles comme chef de service au centre hospitalier de Cannes ?
Nous nous sommes appuyés lors de la première phase de l’épidémie pour la production de solutions hydroalcooliques sur le savoir-faire des fabricants de parfum de Grasse. Chaque service installé dans son territoire a inventé des solutions nouvelles pour répondre au mieux à cette situation exceptionnelle. Il faut reconnaître que nous étions bien seuls à gérer pourtant l’indispensable. Si l’on évoque la centralisation de l’approvisionnement des anesthésiques par Santé publique France (SPF), le bilan est pour le moins mitigé.
Qu’attendez-vous du prochain quinquennat ?
Sur des thématiques transversales comme la gouvernance ou les statuts, des avancées ont été enregistrées. Mais elles demeurent insuffisantes. Quant à la question de l’attractivité de l’hôpital, elle est loin d’être résolue. Pour nos services de pharmacie, nous sommes confrontés au quotidien à un déficit chronique d’offres de recrutement faute de pharmaciens formés. Il est essentiel de revoir le numerus clausus, le nombre de postes proposés à l’internat. Certains établissements hospitaliers n’arrivent pas à recruter des pharmaciens remplaçants afin d’assurer la continuité d’activité. À ce déficit se greffe la difficulté de pourvoir proposer, à nos jeunes praticiens, des postes de praticiens hospitaliers pourtant considérés pour le statut central d’exercice à l’hôpital. Un des volets de l’attractivité sera en partie résolu avec la mise en œuvre par les établissements de plan de carrière pour les pharmaciens. Je ne dispose pas du nombre de postes vacants. Mais les témoignages des collègues sont nombreux. Le consensus est total au sein de la profession pour réclamer une augmentation du nombre d’internes. 40 postes ont été créés en novembre 2022. Mais cela est largement insuffisant par rapport aux besoins. Nous avions demandé 100 nouveaux postes par an.
Quels sont vos autres thèmes de réflexion ?
Un travail a été lancé au sein du conseil d’administration sur les aspects de la logistique pharmaceutique afin de produire des recommandations liées à l’évolution des organisations des établissements. On peut citer les GHT, mais aussi les projets pharmaceutiques de territoire. Le conseil d’administration réfléchit aussi sur le développement durable et les produits de santé. Enfin, troisième axe, la qualité de vie au travail va faire prochainement l’objet d’une grande enquête auprès de nos adhérents.
Quels seront les grands moments d’Hopipharm ?
Frédéric Burde. Hopipharm est le congrès francophone annuel de pharmacie hospitalière. Le comité d’organisation a souhaité le structurer pour qu’il associe dans une ambiance professionnelle et conviviale des séances plénières, des sessions de travail, des sessions de formation et la présence de nos partenaires industriels au sein de nos 4000 m2 d’exposition. Les 102 stands ont été réservés dès les premiers jours d’ouverture de notre site début décembre 2021. Nous n’avons pas pu d’ailleurs répondre positivement à toutes les demandes, très nombreuses cette année encore. Depuis trois ou quatre ans, le secteur de la e-santé connaît une forte croissance avec des solutions d’optimisation des analyses d’ordonnance. Ce secteur représente pour cette édition 2022 plus de 8% du nombre total des exposants présents. Le programme de notre congrès a été élaboré par les membres du conseil d’administration du Synprefh et du conseil scientifique Hopipharm avec l’ambition de répondre aux attentes des pharmaciens hospitaliers à la fois sur les plans scientifiques, professionnels et syndicaux. Le Conseil scientifique, animé depuis cette année par le Pr Pascal Bonnabry, pharmacien des Hopitaux universitaires de Genève a souhaité particulièrement mettre en avant la francophonie en organisant la diffusion en direct de la session francophone du jeudi après-midi pour nos collègues étrangers qui ne pourraient venir à Lille.
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