« PAS DE REFONTE de la médecine de ville sans nous, ni contre nous », scande Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) qui regrette que pour accomplir sa mission, le président du conseil national de l’Ordre des médecins, Michel Legmann, se soit « entouré d’experts qui ne connaissent pas le premier recours et (ait laissé) de côté 68 000 infirmiers libéraux très organisés réalisant 93 % des soins rémunérés à l’acte en ambulatoire et 75 % des prises en charge de personnes dépendantes à domicile. »
Philippe Tisserand affirme sincèrement ne pas comprendre. Il ne s’explique pas que les infirmiers libéraux soient « privés de nourrir les réflexions de ce groupe de travail ». Ceci alors que la profession s’était « enfin fait une place dans le discours politique », Nicolas Sarkozy ayant notamment souligné l’importance de la mission des infirmiers dans la chaîne des soins à l’occasion des vux présidentiels. Déterminée, la FNI vient d’adresser une lettre ouverte au chef de l’État que Philippe Tisserand souhaite rencontrer pour lui proposer d’organiser de prochaines assises au cours desquelles tous les professionnels réfléchiraient ensemble aux rénovations du système de santé de ville.
« Des murs et non des ponts ».
« S’il faut attendre de créer 5 000 maisons de santé, comme le suggère le Pr Vallancien, de salarier les paramédicaux pour déployer la télésanté, la France aura encore pris dix ans de retard avant de s’apercevoir de son erreur. » Philippe Tisserand ne mâche pas ses mots et refuse en bloc tout ce qui retarderait la coopération entre l’hôpital et l’ambulatoire. « C’est le cur du problème sur lequel les EGOS [les états généraux de l’organisation des soins, organisés en prélude à la loi Bachelot, NDLR] n’ont pas permis d’avancer, désormais loi HPST cristallise et renforce les réflexes corporatistes. » L’arrêté pris le 31 décembre sur l’organisation de cette coopération ne permettra pas d’en sortir, selon Philippe Tisserand. Le président de la FNI salue à ce sujet la réaction unanime des ordres professionnels, et surtout l’ouverture du vice-président du CNOM, Jacques Lucas (« le Quotidien » du 9 février). « Aujourd’hui on tente de construire des murs et non les ponts dont nous avons besoin pour mieux fonctionner ensemble », affirme Philippe Tisserand. Dénonçant à son tour les termes de cet arrêté, la FNI dépose un recours contentieux devant le conseil d’État. « À l’heure des hôpitaux managés comme des entreprises, il devient incompréhensible de vouloir parallèlement étatiser la médecine de ville », affirme son président qui plaide : « Que l’on cesse de se faire peur avec les pratiques avancées, les infirmiers ne veulent pas devenir médecins. Raison de plus pour les associer aux réflexions en cours sur les évolutions de la médecine de ville. »
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