U NE des conclusions importantes de l'étude, en corollaire de la démonstration du lien entre l'obésité et l'asthme chez l'enfant, est que l'IMC (indice de masse corporelle) se révèle un meilleur moyen d'évaluation du surpoids, que la mesure de l'épaisseur du pli cutané. Pourquoi l'IMC est-il plus fiable ? Il existe plusieurs explications à cela : les enfants obèses ont une maturation plus avancée et ont proportionnellement moins de muscles et d'os que la moyenne pour le même âge ; les appréciations au moyen de la pince à pli cutané sont moins facilement reproductibles que les mesures de la taille et du poids, et l'accumulation des graisses internes peut être proportionnellement plus importante qu'au niveau du siège sous-cutané (qui devient un moins bon indicateur).
J. I. Figueora-Munoz et coll. (Department of Public Health Sciences, King's College, Londres) ont réalisé une étude transversale chez 18 218 enfants âgés de 4 à 11 ans, inclus dans l'étude NSHG (National Study of Health and Growth), réalisée en Angleterre et en Ecosse. Les données ont été collectées en 1993 et 1994.
Des enfants représentatifs de groupes d'origines diverses
Deux groupes ont été distingués : des enfants représentatifs des groupes d'origine anglaise ou écossaise et des enfants d'origines mélangées, typiques des habitants des villes anglaises (plusieurs sous-groupes ont été distingués : Noirs Afro-Caraïbéens, originaires du sous-continent indien - Urdu, Gujarati, Punjabi -, autres). Ont été pris comme critères cliniques de référence : la notion d'un antécédent de crise d'asthme pendant l'année précédente ou bien l'existence d'un wheezing occasionnel ou persistant. Ensuite, le degré d'obésité a été évalué à l'aide de l'IMC et de la somme des mesures des plis cutanés au niveau du triceps brachial et sous-scapulaire. Ces deux données ont été converties en scores de déviations standards.
Un total de 14 908 enfants ont pu être inclus dans l'analyse. C'est ainsi que l'association entre asthme et IMC est apparue, avec un odds ratio de 1,28 par comparaison des 10e et 90e percentiles d'IMC. Le lien apparaît plus fort parmi les filles et moins fort chez les enfants vivant au milieu des villes. La prévalence globale de l'asthme est de 17,3 %. Les crises sont moins fréquentes chez les enfants urbains, aux origines mélangées (7,4 % versus 9 %), alors que le wheezing est considérablement plus fréquent chez eux (8 % versus 4,1 %).
Deux indicateurs d'obésité
Cette étude présente plusieurs avantages : deux indicateurs d'obésité ont été utilisés, la taille de l'échantillon est importante et le taux de participation élevé, soulignent les auteurs. Mais, reconnaissent-ils, on ne peut exclure une causalité inverse (l'asthme à risque d'obésité). Les parents d'enfants asthmatiques ont parfois tendance à restreindre les exercices physiques de leurs enfants, craignant qu'ils ne soient circonstance à déclenchement de crise. Ils préfèrent toutefois considérer que l'obésité est un facteur de risque d'asthme, comme cela a déjà été prouvé chez l'adulte, aux Etats-Unis ou ailleurs. Un nombre croissant d'études montre que les personnes en surpoids sont plus fréquemment asthmatiques que les personnes de poids normal et, parmi elles, une publication anglaise montre que la quantité d'activité physique pratiquée chez les jeunes asthmatiques au Royaume-Uni est identique à celle des autres enfants (« le Quotidien » du 6 octobre 2000). Une réduction du poids apporte une amélioration de la fonction ventilatoire, ce qui est établi sur la symptomatologie et sur le VEMS et la capacité vitale (« le Quotidien » du 31 mars 2000). Certains travaux montrent, en outre, que l'alimentation influe directement, qualitativement et quantitativement, sur la fonction respiratoire (« le Quotidien » du 1er septembre 2000).
« Thorax », 2001 ; 56 : 133-137.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature