O N sait que le sang du cordon ombilical est riche en cellules souches. On sait aussi que, si on leur en donne les moyens, ces cellules souches peuvent se différencier en cellules nerveuses immatures. Dès lors, il était logique de se demander s'il est possible de traiter un AVC par l'injection intraveineuse de cellules souches du cordon modifiées. C'est ainsi que l'équipe de Paul Sanberg (University of South Florida, Etats-Unis) a conduit des expérimentations chez des rats de laboratoire. Ces travaux, financés par l'Etat de Floride et Cryo-Cell International Inc. (Clearwater, Floride), ont été présentés à San Francisco, au congrès de l'American Association for the Advancement of Science.
Les chercheurs ont recueilli du sang de cordon et en ont isolé les cellules souches dont ils ont induit la transformation en cellules nerveuses immatures sous l'effet d'acide rétinoïque et d'hormone de croissance.
Administration intraveineuse
Chez des rats souffrant d'un AVC expérimental, ils ont alors administré par voie veineuse trois millions de ces cellules.
Les travaux ont porté sur une soixantaine de rats. Au bout d'un mois, ceux qui avaient été ainsi traités ont eu une récupération d'environ 80 % de leur AVC contre 20 % seulement des animaux qui n'avaient pas été traités.
L'efficacité est d'autant plus grande que le traitement est administré précocement (dans les vingt-quatre premières heures) mais il apporte également un bénéfice s'il est donné au cours de la première semaine.
On ne sait pas comment ces cellules souches modifiées exercent leur action bénéfique ; il se peut qu'elles se différencient en différents types de cellules cérébrales ; elles pourraient aussi induire une réparation des cellules endommagées par l'AVC.
Il est intéressant de noter que les cellules souches - qui sont, il faut le souligner, injectées par voie intraveineuse et non pas par voie intracérébrale - se dirigent préférentiellement vers le cerveau lésé plutôt que vers les zones cérébrales saines. Les régions infarcies pourraient donc envoyer un signal d'attraction.
Des questions restent à résoudre
De nombreuses questions restent à résoudre : faudra-t-il faire plusieurs injections de cellules souches ? Combien faudra-t-il en administrer (l'équipe de Sanberg estime que le sang d'un ou deux cordons devrait suffire ; on utiliserait du sang de cordon congelé) ? Faudra-t-il administrer un traitement immunosuppresseur étant donné qu'il s'agit de tissu étranger ? Quoi qu'il en soit, l'équipe de Floride estime qu'elle sera en mesure de commencer des essais chez l'homme l'an prochain.
Au-delà de l'AVC, on a l'arrière-pensée de traiter d'autres désordres neurologiques par les cellules souches, par exemple la maladie d'Alzheimer.
« Tout cela est très excitant », souligne le Dr Sandra Chapman (université du Texas, Dallas). « Le potentiel de tout cela sera une amélioration exponentielle de nos chances de traiter toutes sortes de troubles cérébraux. »
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