Cancer, diabète, asthme : le prix de la pollution autour de l'Étang de Berre

Publié le 17/02/2017
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Crédit photo : markoz66 / Wikimedia Commons

L’information n’est pas nouvelle mais elle alarme une fois de plus. Une étude réalisée par des chercheurs indépendants et financée dans le cadre d'un appel à projets de recherche géré par l’Anses établit que les habitants de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône, deux villes situées au bord d'une zone industrialo-portuaire près de Marseille, souffrent davantage d'asthme, de diabète ou de cancer que la population française en moyenne. Les pourtours de l'Étang de Berre sont occupés par l'une des plus importantes zones industrielles d'Europe, liées notamment au raffinage du pétrole et à la pétrochimie.

Les résultats ont été obtenus à partir des réponses de 816 personnes à des questionnaires.  Les affections respiratoires concernent près d'un adulte sur deux, et un enfant sur quatre dans la zone étudiée. "Les habitants sont préoccupés par la qualité de leur environnement, les sources locales de pollution, et leur lien avec leur santé. Ils font la chronique d'une pollution devenue ordinaire, de débordements industriels qui se cumulent à d'autres formes d'exposition locale à la pollution", rapporte l'étude. Les résultats montrent notamment une élévation de l'asthme cumulatif chez les adultes (15,8% de prévalence contre 10% en France), débutant le plus souvent à l'âge adulte. L'élévation des cancers est aussi significative, notamment chez les femmes de Fos et Port-Saint-Louis, qui à 14,5% ont ou ont eu un cancer, contre 5,4% des femmes en France. Les diabètes tous types sont présents chez deux fois plus de personnes (11,6% contre 6% dans le reste de l'Hexagone).

63% de la population interrogée rapporte aussi au moins une maladie chronique contre 36,6% en France. "Les maladies chroniques et symptômes aigus constituent donc une expérience de santé commune et partagée au sein de la population des deux villes, bien que la plupart des répondants jugent leur santé générale comme excellente ou bonne", conclut l'étude.

D’autres études avaient déjà montré les conséquences désastreuses en matière de santé de la pollution pour les habitants de cette zone. Elles avaient entre autres montré une surmortalité liée aux maladies respiratoires. Une étude menée entre 2004 et 2007 par l'InVS a notamment révélé que les pathologies cardiovasculaires, les cancers des poumons, de la plèvre, et de la vessie comme les leucémies aiguës sont significativement élevés chez les hommes vivant autour de l'étang de Berre. En septembre 2016, un institut scientifique éco-citoyen financé par la mairie a également lancé une étude des polluants présents dans le sang et les urines des riverains de la zone industrielle de Fos-sur-Mer pour tenter de mesurer l'impact de la pollution industrielle sur les habitants.

Le maire de Fos-sur-Mer, René Raimondi a réagi à cette nouvelle étude, en demandant maintenant "aux services de l'État de réagir". 


Source : lequotidiendumedecin.fr