Cancer rectal : retarder la chirurgie après une thérapie néoadjuvante pourrait être une stratégie viable pour 20 % des patients

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Publié le 19/01/2017
néoadjuvant

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Crédit photo : S. TOUBON

Selon des données en vie réelle qui seront présentées ce jeudi lors du symposium sur les cancers gastro-intestinaux, organisés à San Francisco jusqu'au 21 janvier par la société américaine d'oncologie clinique (ASCO), retarder la chirurgie des patients atteints de cancer rectal est une stratégie viable s'il n'y a plus de tumeur détectable après le traitement néoadjuvant. Les chercheurs, dirigés par le Dr Maxime van der Valk, de l'université de Leyde (Pays-Bas) ont observé qu'au bout de 3 ans, le taux de survie chez des patients bénéficiant de cette stratégie était de plus de 90 %, ce qui correspond au pourcentage observé chez les patients opérés.

La résection chirurgicale constitue l'approche privilégiée de la prise en charge des cancers rectaux de stade II à IV. « Dans 20 % des cas, la tumeur disparaît complètement après la chimiothérapie et la radiothérapie néo-adjuvente. Il n'arrive pourtant jamais que l'on « requalifie » une tumeur et que l'on réévalue la nécessité de la chirurgie », précise le Dr van der Valk, par ailleurs coordinateur de la base de données internationnale du consortium Watch and Wait (surveiller et attendre).

Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont collecté les données de 802 patients issus de 35 établissements répartis dans 11 pays. Il s'agirait de la plus grande série de patients souffrant de cancer rectal chez qui il n'y a pas eu d'opération chirurgicale après une chimiothérapie et la radiothérapie néoadjuvante, selon les auteurs.

Aucun des patients de l'étude n'avait de signes résiduels de tumeur détectable à l'endoscopie, l'IRM ou au CT scan, après chimiothérapie et irradiation. Après un suivi médian de 2,6 ans, 25 % des patients ont dû être opérés pour une rechute ; des métastases n'ont été retrouvées que dans 7 % des cas. Le taux de survie est de 91 % pour l'ensemble des patients, et de 87 % en cas de rechute.

Une décision au cas par cas

« Malgré ces très bons résultats, nous savons que la décision de recourir à la chirurgie appartiendra aux patients confrontés aux risques de colostomie permanente », analyse le Dr van der Valk. Les membres du consortium vont poursuivre leur travail de collecte de données, et espèrent qu'elles influenceront l'écriture de futures recommandations.

« La chirurgie est une stratégie très efficace de prise de charge du cancer rectal, mais les risques opératoires, la longue période de récupération et les effets à long terme représentent un impact significatif sur la qualité de vie des patients », commente le Dr Nancy Baxter, chef du département de chirurgie à l'hôpital Saint Michael, à Toronto, et porte-parole de l'ASCO. « Il est essentiel que nous poursuivions les recherches pour mieux définir les patients qui peuvent bénéficier d'une simple surveillance attentive sans risque », ajoute-t-elle.


Source : lequotidiendumedecin.fr