« Charlie Hebdo » : une étude réalisée à Toulouse montre une hausse des événements cardio-vasculaires

Publié le 11/01/2016

Crédit photo : AFP

Une étude réalisée à la clinique Pasteur à Toulouse montre que les attentats de janvier 2015 ont provoqué une hausse des hospitalisations liées à des événements cardio-vasculaires. L’équipe du Pr Atul Pathak a analysé les données d’activité du Centre de la douleur thoracique de l’établissement en janvier 2015.

L’équipe est partie de l’hypothèse selon laquelle le stress émotionnel provoqué par ces trois jours d’horreur, surmédiatisés minute par minute dans toute la France, a été un facteur de risque cardio-vasculaire même à des centaines de kilomètres du lieu des attentats. En effet, même si elles sont moins évoquées que les souffrances psychologiques, « un tremblement de terre, la guerre ou encore un match de football peuvent augmenter les événements cardio-vasculaires dans les zones concernées mais aussi dans celles plus éloignées », indiquent les cardiologues.

Infarctus du myocarde en hausse de 180 %

Selon les résultats qui vont bientôt être publiés dans la revue « Clinical Research in Cardiology », 346 patients ont été admis au Centre de la douleur thoracique (ouvert 7 j/7 24 h/24 avec une équipe dédiée) en janvier 2015, dont près de la moitié (162) a été hospitalisée. « Ces chiffres sont élevés et beaucoup plus lorsque l’on compare les trois jours des attentats au reste de janvier 2015 », explique au « Quotidien » le Pr Pathak. Du 7 au 9 janvier 2015, le nombre de patients hospitalisés chaque jour a augmenté de 75 %. La hausse est également significative lorsqu’on compare les taux d’hospitalisation avec les mêmes jours de la semaine suivante et les mêmes jours de l’année 2014.

Les maladies cardio-vasculaires à l’origine de ces hospitalisations sont principalement des syndromes coronariens aigus avec ou sans élévation de ST en hausse par rapport au reste du mois de janvier de + 180 %, des arythmies ventriculaires ou auriculaires (+ 70 %) et des décompensations cardiaques (+ 87 %). « En interrogeant les patients, nous nous sommes aperçus que beaucoup étaient devant leur poste de télé ; à la question : "racontez-nous ce que vous faisiez lorsque vous avez eu mal à la poitrine ?", les patients décrivaient très bien le déroulé des événements. "J’étais devant la télé au moment où ils ont attaqué l’Hyper Cacher" par exemple », détaille le Pr Pathak.

Importance du stress

D’autres éléments sont en faveur d’un lien entre la hausse des événements cardio-vasculaires et les attentats de janvier, c’est le retour à la normale de l’activité du centre dans les jours et les mois qui ont suivi. « Il y a vraiment eu un pic isolé », souligne le Pr Pathak.

Même si les résultats doivent être confirmés – il s’agit d’une étude observationnelle chez un nombre limité de patients – l’étude souligne l’importance du stress comme facteur de risque de maladie cardio-vasculaire. « Nous aimerions élargir l’analyse à d’autres centres nationaux afin de vérifier que la hausse observée à Toulouse se retrouve dans les autres villes », explique le Pr Pathak. C’est en tout cas l’hypothèse que pose le spécialiste.

« Cette étude est pour nous importante car elle montre le lien direct entre stress émotionnel et conséquences cardiaques directes. On sait que le stress est un facteur de risque mais on a tendance à le minimiser. On a tendance à l’oublier, même lorsque l’on interroge nos patients : on s’intéresse à leur hypertension, leur diabète, leur cholestérol et on néglige la psychologie », conclut le Pr Pathak. Selon lui, le risque cardio-vasculaire devrait faire l’objet de la même attention que le risque de stress post-traumatique. Une étude est en cours cette fois sur les attentats de novembre 2015.

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr