Une caméra fixe et une caméra mobile, assistent au colloque singulier le plus discrètement du monde, et comme on ne l’avait jamais fait jusqu’alors. Ce pari a été réalisé il y a trois ans par Hélène de Crécy dans le cabinet d’un généraliste lyonnais. «La consultation», film tourné en 2006, présentée au cinéma en mars 2007, et que diffuse France 2 ce jeudi soir 4 mars est un peu au cinéma ce que «La maladie de Sachs» fut à l’édition. Sauf qu’à la façon du célèbre documentaire «Etre et avoir» -qui il y a quelques années avait emmené le spectateur dans une école rurale- «La consultation» filme la vie réelle dans un cabinet de généraliste, avec de vrais patients et un vrai praticien : Luc Périno, auteur de plusieurs ouvrages sur sa vie de médecin généraliste et que les internautes du generaliste.fr connaissent bien, puisqu’il y anime régulièrement un blog.
L’entreprise était audacieuse et à l’écran, cela s’avère une véritable réussite, pour montrer comme jamais jusqu’alors la réalité de la vie d’un médecin de famille et les échanges entre un praticien et des patients aux profils extrêmement divers : un nourrisson de quelques mois, un couple qui demande une ivg, quelques patients âgés, un malade schizophrène, une dame en fin de vie...
Deux patients sur trois ont accepté
Avant de réaliser ce film, la réalisatrice a d’abord dû convaincre un Luc Périno, au départ réticent, d’accepter sa présence, puis celle de la caméra dans le colloque singulier. Bataille gagnée, à l’issue de plusieurs mois de travaux d’approche, et après que celui-ci ait obtenu le feu vert du conseil de l’Ordre des médecins du Rhône. Sur place, il a ensuite fallu convaincre un à un les patients concernés : deux tiers d’entre eux ont accepté. Par la suite, les séquences ont été visionnées par les patients et, en dépit du caractère intime, voire carrément peu flatteur de certaines situations (les visages ne sont pas floutés), pas un de ces «acteurs» n’est revenu au final sur son autorisation.
Au total, tout est vrai, rien n’est fictif dans ce documentaire, même si bien sûr le fait de condenser cinq semaines de consultation et 150 heures de rushes en une heure trente de film relève de choix forcément subjectifs de la cinéaste. Ce parti pris de visible et de vécu, s’agissant de rendez-vous par définition marqués par le secret, est un des intérêts du film. Certains seront peut-être déroutés en voyant le colloque singulier ainsi projeté sur les écrans; pourtant jamais l’affaire ne prend un tour voyeuriste. D’ailleurs, au-delà des situations cliniques rencontrées, le fil directeur de ce documentaire hors du commun, c’est le dialogue, ou plutôt les échanges successifs entre le médecin et ses patients. Là-dessus aussi le film ne ment pas, puisqu’il donne à découvrir parfois l’ambiguïté de la demande de certains patients, et jusqu’aux hésitations du soignant. Au total, voilà donc un film à voir ou revoir ce jeudi soir, ou à défaut, du fait de l’heure tardive de diffusion, à enregistrer.
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