T ROIS grands objectifs ont été annoncés pour l'étude de cohorte multicentrique PRIME :
- comparer l'incidence de la maladie coronaire entre la France et l'Irlande du Nord (pays « prototype » du nord de l'Europe à forte incidence d'événements cardio-vasculaires) ;
- tester la valeur prédictive des facteurs de risque classiques ;
- identifier de nouveaux facteurs de risque dans cette population et des facteurs de risque individuels qui expliqueraient les différences entre les deux pays.
Belfast, Lille, Toulouse et Strasbourg
Les sujets des quatre cohortes de PRIME (Lille, Strasbourg, Toulouse et Belfast), recrutés dans des centres de santé par la médecine du travail ou chez des fonctionnaires et constituant un échantillon raisonné (non tirés au sort dans la population), ont été examinés entre 1991 et 1993. Ces cohortes ont réuni plus de 10 000 hommes âgés de 50 à 59 ans.
L'examen initial comportait une anamnèse, un examen clinique avec ECG, de nombreux questionnaires socio-démographiques et sur les habitudes de consommation d'alcool et de tabac, ainsi que la constitution d'une banque biologique.
Les sujets ont tous été examinés selon un protocole standardisé. Le suivi a été poursuivi pendant 5 ans et les événements coronaires ont été validés par un comité médical indépendant.
Trois grands diagnostics
Les grands types de diagnostics validés par le comité médical étaient l'infarctus du myocarde, le décès d'origine coronaire, l'angor (avec algorithme de décision pour l'apparition d'un angor d'effort ou de l'angor instable).
346 sujets irlandais sur 2 500 (12 %) étaient coronariens à l'inclusion contre 496 sur 7 500 (6 %) pour les trois centres français, soit un rapport de prévalence (peu surprenant) égal à 2.
Ce rapport entre Belfast et la France est maintenu lorsque l'on examine l'incidence des événements coronaires chez les sujets indemnes à l'examen initial prédéfinis entre Belfast et la France :
- infarctus du myocarde : 51 cas versus 89 ;
- décès coronaire :12 cas versus 21 ;
- angor : 60 cas versus 94.
Le rapport d'incidence entre Belfast et la France pour les deux types d'événements coronaires, « Hard Events » selon les Anglo-Saxons, est de 1,8, très proche de celui observé dans l'étude MONICA. Pour l'angor, le rapport s'élève à 2 et se révèle peu différent de celui retenu pour l'ensemble des événements coronaires, qui est de 1,9.
Les facteurs de risque
Les 328 nouveaux cas permettent d'étudier l'impact des facteurs de risque sur le risque coronaire dans la cohorte. Pour la prédiction de l'ensemble des cas, la fonction de risque, prenant en compte les facteurs de risque classique (comme le cholestérol total et HDL, la pression artérielle systolique, le diabète, la consommation tabagique), ne diffère pas significativement entre la France et Belfast, ce qui démontre que l'intensité de la relation entre la maladie et les facteurs de risque est la même dans les deux pays.
La différence d'incidence entre les deux pays ne s'explique donc pas par la manière dont elle augmente en fonction des facteurs de risque.
La prédiction des nouveaux cas d'angine de poitrine par ces facteurs de risque classiques ne diffère pas non plus de celles des nouveaux cas d'infarctus ou de décès coronaire, ce qui justifie une analyse fondée sur l'ensemble des cas de maladie coronaire.
Lorsqu'un ajustement correct est fait sur ces facteurs de risque, le risque relatif en Irlande du Nord diminue puisqu'il passe de 1,9 à 1,6. Cependant, un tiers seulement de l'excès de risque à Belfort par rapport à la France semble pouvoir être expliqué par les facteurs de risque classiquement reconnus.
D'après la communication du Pr Pierre Ducimetière (Paris).
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