Dans la famille du président, les Drs Macron restent dans l'ombre

Par
Publié le 11/05/2017
Article réservé aux abonnés
famille

famille
Crédit photo : AFP

Le Dr Laurence Auzière-Dourdan, cardiologue libérale à Vincennes, 39 ans, fille de la nouvelle première dame, est montée dimanche sur la tribune dressée devant la Pyramide, pour le point d’orgue de la marche triomphale du Louvre.

Mais les Drs Macron, père, mère, belle-mère, frère, sœur, beau-frère, neveu et cousin du nouveau président de la République, tous et toutes médecins (ou pharmacien et cadre de santé), sont restés dans l’ombre. Ils ont fêté l’élection à l’abri des caméras, dans le QG parisien. Parmi les proches collaborateurs, Paris-Match a reconnu le Pr Jean-Michel Macron, père du président, et son ex-épouse, le Dr Françoise Noguès, submergée par l’émotion : « Je me suis réveillée le lendemain, je n’y croyais pas, je ne savais plus si j’étais dans un rêve ».

Dans son livre (« Révolution », XO éditions), ou les entretiens qu’il accorde, Emmanuel Macron évoque volontiers son épouse Brigitte mais très rarement sa famille. « À lire tous ces articles, se désole sa maman, le Dr Françoise Noguès, Emmanuel n’a pas de famille »*. Un silence que ce médecin-conseil retraité de la CPAM de la Somme ressent comme « un crève-cœur ».

Or, la famille Macron existe bel et bien, et c’est une famille de médecins. À commencer par le père, le Pr Jean-Michel Macron, PU-PH et chef du service de neurologie du CHU d’Amiens. Les biographes de son fils tracent de lui le portrait d’un intello pur et dur, un peu introverti, qui a toujours beaucoup lu. Et « un tantinet allergique à tout ce qui est un peu show-biz, à sa vie médiatique »*. Son fils ? « Il possède une vertu assez étonnante, il est très doué pour les relations humaines. Il a un pouvoir de séduction qui peut marcher.* » Le Pr Macron n’a répondu à aucun média. Au « Quotidien » qui lui demande si sa paternité présidentielle affecte sa chefferie de service, il répond : « Professionnellement, cela ne change rien, ni avec les patients, ni avec l’équipe soignante. Mon vécu personnel est de l’ordre du privé et ne peut intéresser que la presse people à laquelle "le Quotidien" n’appartient pas. » Dont acte. 

Distance

Le Dr Françoise Noguès, dont le PU-PH a divorcé en 2010 (pour épouser le Dr Hélène Joly, psychiatre au CHS Pinel-Dury, près d’Amiens), n’est guère plus loquace. Elle n’a donné qu’une interview, à un magazine italien (Vogue) : « Manu n’a commencé à marcher que vers l’âge de deux ans. Alors, son slogan de campagne « En marche ! », ça me fait doucement rigoler ! » Et de conclure : « Mais bon, c’est de la politique, on sait tous comme ça fonctionne… Que des menteurs ! »

Cette distance à l’égard du jeu politico-médiatique, on la retrouve chez la sœur et le frère, également médecins : « Je ne souhaite pas m’exprimer auprès de la presse sur quelque sujet que ce soit, déclare au « Quotidien » le Dr Estelle Macron, néphrologue à Colomiers (Haute-Garonne), justement dans l’espoir de ne pas subir les conséquences du contexte actuel dans ma vie quotidienne, professionnelle et personnelle. »

Quant au Dr Laurent Macron, radiologue à Saint-Denis, il coupe net à chaque appel de journaliste. Son épouse le Dr Sabine Aimot-Macron, gynécologue à Paris, ou sa tante, le Dr Marie-Christine Noguès, ophtalmologue à Amiens, refusent toute communication sur leur beau-frère ou leur neveu. Les autres cousins et cousine professionnels de santé, de même que la belle-fille, le Dr Laurence Auzière, ne sont pas davantage joignables.

« Vilain petit canard »

Seule à rompre la règle de discrétion (au demeurant légitime), la tante Françoise, sœur du Pr Jean-Michel Macron, pharmacienne dans l’Oise. Interrogée il y a un an par « le Quotidien », elle expliquait : « On ne peut pas parler à notre sujet d’une dynastie médicale Macron, puisqu’aucun de nos parents, à Jean-Michel et moi, pas plus qu’aucun de ceux de Françoise (Noguès, Ndlr), n’étaient des professionnels de santé. Simplement, nos frères et sœurs, neveux et nièces, ont tous opté pour la médecine, tantôt par hasard, tantôt par imitation, tantôt par vocation. Et nous n’avons compté qu’une exception parmi nous, avec Emmanuel. Celui que nous appelions en plaisantant dans les réunions de famille le vilain petit canard ! »

*Anne Fulda, Emmanuel Macron, « Un jeune-homme si parfait », éditions Plon. Lire aussi Candice Nedelec, « Les Macron », Fayard.

Christian Delahaye

Source : Le Quotidien du médecin: 9580