Un trouble dépressif persistant et non traité induirait une augmentation de l'inflammation cérébrale, d'après une étude canadienne publiée dans «The Lancet Psychiatry». Ces résultats suggèrent qu'il existe plusieurs stades de la dépression. « À notre connaissance, il s'agit de la première étude à avoir étudié un marqueur de l'activation microgliale en lien avec la neuroprogression chez des patients atteints de dépression majeure », estime les auteurs.
Cette étude transversale, menée par le Center for Addiction and Mental Health de Toronto, a étudié le lien entre volume de distribution total de la Translocator Protein (TSPO VT), marqueur de l'activation microgliale et reflet de la neuro-inflammation, et durée du trouble dépressif majeur non traité. Le lien avec la durée totale de la maladie et la durée de l'exposition aux antidépresseurs a également été analysé.
80 sujets de 18 à 72 ans, répondant à un certain nombre de critères (absence de maladie auto-immune ou de dépendance à l'alcool…), ont été inclus entre septembre 2009 et juillet 2017. Les cerveaux de 50 personnes avec un trouble dépressif majeur (25 depuis au moins 10 ans et 25 depuis 9 ans ou moins) et de 30 en bonne santé (sujets « contrôle ») ont ainsi été examinés par tomographie par émission de positions (TEP).
De bons prédicteurs de la neuro-inflammation
Les chercheurs ont étudié plusieurs régions du cerveau (cortex préfrontal, cortex cingulaire antérieur, insula…) afin de mesurer le niveau d'inflammation cérébrale par l'intermédiaire du TSPO VT. Les résultats montrent que la durée du trouble dépressif majeur non traité, la durée totale de la maladie et la durée de l'exposition aux antidépresseurs sont de bons prédicteurs de TSPO VT, donc de la neuro-inflammation. La combinaison de ces trois facteurs expliquerait 50 % des variations du TSPO VT dans le cortex préfrontal, le cortex cingulaire antérieur et l'insula.
Association forte entre inflammation et trouble dépressif majeur non traité avancé
Dans ces régions cérébrales, une association significative entre activation microgliale et trouble dépressif majeur non traité de longue durée (plus de 10 ans) a été observée. En effet, le TSPO VT était chez eux 29 à 33 % plus élevé par rapport aux personnes ayant un trouble dépressif depuis 9 ans ou moins et 31 à 39 % plus important comparé aux sujets sains.
« Il y avait une forte relation entre l'augmentation de la durée de la maladie non traitée et un plus grand TSPO VT, indiquant, qu'au niveau de ce marqueur, la maladie chronologiquement avancée diffère de la phase précoce de cette maladie », indique les auteurs. Cela pourrait modifier la prise en charge en proposant aux patients des thérapeutiques adaptées au stade de la maladie.
De plus, concluent les auteurs : « La durée du traitement antidépresseur a été associée à l'arrêt de l'augmentation continue de la TSPO VT, indiquant que les antidépresseurs couramment prescrits pourraient arrêter, mais pas réduire l'activation microgliale. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature