Pour sa 22e édition, du 8 au 11 novembre, Paris Photo (1) accueille au Grand Palais près de 200 galeries et éditeurs internationaux. Avec un nouveau secteur, Curiosa, consacré au rapport au corps et de l’érotisme, et les collections de l’éditeur californien Nion McEvoy et de la banque JPMorgan Chase.
Au-delà de sa riche programmation qui couvre tous les secteurs de la photo, la manifestation entraîne la ville entière dans la photo, grâce à ses nombreux partenariats avec les musées et établissements culturels (2).
Le Jeu de Paume présente ainsi, jusqu'au 27 janvier, « Dorothea Lange - Politiques du visible » (3). Dorothea Lange (1895-1966) fut l'un des grands témoins de l'entre-deux-guerres aux États-Unis. Elle quitte en 1932 son studio de portraitiste, qu’elle juge inapproprié alors qu’elle voit de sa fenêtre la misère liée à la crise de 1929. Elle documente successivement les années de dépression, les problèmes agricoles et les migrations du Middle West à la Californie rurale du programme de la Farm Security Admnistration organisé dans le cadre du New Deal. Empathie, dignité, les témoignages deviennent ses légendes, dans une approche anthropologique. Elle dénonce les injustices pour infléchir l’opinion publique, avec succès.
Avec son conjoint Paul Schuster Taylor, économiste à Berkeley, Dorothea Lange poursuivra pendant 30 ans ce travail documentaire. Avec l’internement des familles nippo-américaines après l’attaque de Pearl Harbour, les chantiers navals de Richmond engagés dans l’effort de guerre et un reportage sur un avocat commis d’office dénonçant les préjugés raciaux.
L'œil et la compassion
Une rétrospective Martine Franck (4) inaugure les nouveaux locaux de la Fondation Henri Cartier-Bresson, qu’elle a créée en 2003 en mémoire de son mari. Après un voyage initiatique en Extrême-Orient avec Ariane Mnouchkine dans les années 1960, la photographe d'origine belge (1938-2012) réalise des portraits d’artistes et d’écrivains qui sont publiés dans des revues américaines.
« Pour être photographe, il faut un bon œil, le sens de la composition, de la compassion et un sens de l’engagement », disait-elle. C'est ce que l’on retrouve dans les paysages du Lubéron, les portraits des enfants moines tibétains et ceux de la série des artistes « Venus d’ailleurs ». Avec une grande humanité, elle travaille sur le vieillissement ou avec Les Petits Frères des Pauvres. Très engagée dans la cause des femmes, elle photographie les manifestations féministes dès les années 1970, en France, aux États-Unis et même en Chine, ainsi que les femmes qui exercent un métier « masculin » (guide de haute montagne, électricienne à l’Aérospatiale de Toulouse) ou celles qui changent l’Inde.
« Ron Amir - Quelque part dans le désert » (5) : exposé au musée d'Art moderne de la Ville de Paris, le photographe Israélien, né en 1973, documente, sans les montrer sur les photos, le quotidien de réfugiés politiques du Soudan et d'Érythrée dans un camp du Néguev. Avec de rares végétaux et beaucoup de créativité, un coin repas, une mosquée, des bancs, une salle de sport, un four apparaissent dans le désert comme une critique implicite des politiques qui imposent l’immobilité aux populations en détresse.
Enfin, à la Maison européenne de la photographie, à partir du 7 novembre, « JR Momentum - La mécanique de l’épreuve » (6), la première grande exposition institutionnelle du photographe et cinéaste, qui, avec ses collages de visages parfois monumentaux, donne une voix aux anonymes des quartiers ou de villages.
(1) Tél. 01.47.56.6469, www.parisphoto.com (2) https://agenda.parisphoto.com (4) Jusqu’au 10 février, www.henricartierbresson.org (5) Jusqu'au 2 décembre, www.mam.paris.fr (6) Du 7 novembre au 10 février, www.mep-fr
(3) Jusqu'au 27 janvier, www.jeudepaume.org
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