Endoscopie bronchique

Des simulateurs pour apprendre

Publié le 05/03/2015
Article réservé aux abonnés

Aurait-on pu imaginer qu’un jour des internes en médecine utilisent des jeux vidéos dans le cadre de leur formation pratique ?

Si tel n’est pas encore complètement le cas, la simulation médicale est une nouvelle voie que n’hésitent plus à explorer les enseignants du DES de pneumologie. « D’ores et déjà, par exemple, nous utilisons un outil de simulation virtuelle pour initier nos internes à l’apprentissage de l’endoscopie bronchique », explique le Pr Bernard Maître, responsable de l’unité fonctionnelle de pneumologie au CHU Henri Mondor de Créteil.

Aujourd’hui, les instances sanitaires n’hésitent plus à encourager ce nouveau mode de formation. En janvier 2012, par exemple, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié un rapport appelant à développer la simulation médicale pour la formation des professionnels de santé. « Le terme "simulation en santé" correspond à l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle, ou d’un patient standardisé, pour reproduire des situations ou des environnements de soin, dans le but d’enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et de répéter des processus, des concepts médicaux ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels », explique la HAS dans ce rapport.

Aujourd’hui, ces techniques de simulation en santé se développent dans plusieurs enceintes universitaires, à Paris comme en province. La faculté de médecine de l’université Paris-Descartes abrite ainsi iLumens, un laboratoire médical d’enseignement basé sur les technologies numériques et de simulation. Il abrite des mannequins et des ordinateurs permettant de simuler diverses situations médicales : arrêt cardiaque, accouchement, coronarographie, endoscopie bronchique ou digestive, examen et chirurgie ophtalmologique. « Ce laboratoire a fait l’acquisition d’un appareil mixte pour les pneumologues et les gastro-entérologues, qui permet des simulations d’endoscopie bronchique et digestive. C’est très proche de la réalité clinique : l’ordinateur permet de reproduire le trajet des voies aériennes. Et l’apprenant utilise, à la place d’un joystick de jeu vidéo, un endoscope bronchique copie conforme de l’appareil qu’il utilisera en pratique clinique, explique le Pr Maître. Cela permet aux internes de se repérer dans les voies aériennes et de se former à l’apprentissage du geste endoscopique. C’est assez utile, notamment pour travailler la souplesse au niveau de la main. Pour eux, c’est sécurisant de pouvoir faire cet apprentissage avant de réaliser leur première endoscopie sur un vrai patient avec l’aide d’un senior ».

Complications

L’ordinateur permet aussi la simulation d’un certain nombre de complications qui peuvent survenir lors d’une endoscopie. « Il est possible par exemple de simuler une biopsie avec la survenue d’un saignement qui va modifier les constantes vitales du patient. Cela permet de juger de la capacité de réaction de l’étudiant face à une telle situation, souligne le Pr Maître. Aux États-Unis, des études ont montré que le niveau de formation des internes qui avaient pu bénéficier de ces techniques de simulation médicale n’était pas fondamentalement différent de celui des autres internes. Mais on a noté que les courbes d’apprentissage de ces internes ayant bénéficié d’un enseignement par simulation, étaient plus rapides. Ils étaient aussi plus sensibles au respect des bonnes pratiques ».

Selon le Pr Maître, ces outils ne sont plus des gadgets mais de vrais supports d’enseignement médical. « Aujourd’hui, on a choisi de les proposer aux internes qui entrent tout juste dans le DES de spécialité. Mais il est fort possible que, à l’avenir, on les utilise également pour des évaluations en milieu et en fin d’internat. On peut aussi imaginer que cette simulation médicale pourra être utilisée un jour pour la formation médicale continue des pneumologues, notamment pour se former à l’utilisation des nouvelles techniques pneumologiques ».

D’après un entretien avec le Pr Bernard Maître, responsable de l’unité fonctionnelle de pneumologie au CHU Henri Mondor de Créteil

Antoine Dalat

Source : Bilan spécialistes