Des chercheurs d’un institut suisse sont parvenus à restaurer un fonctionnement neuronal normal et à corriger certains symptômes de la schizophrénie chez des souris modèles de la maladie, en agissant au niveau de l'hippocampe. Leurs résultats sont publiés ce jour dans « Nature Neuroscience ».
De précédentes études ont montré que la schizophrénie pourrait être en partie due à un défaut de synchronisation au sein de réseaux neuronaux, sans que les mécanismes en jeu soient bien compris. Pour mieux comprendre ce phénomène, les chercheurs se sont appuyés sur un modèle adulte de souris présentant les caractéristiques du syndrome de délétion 22q11 (aussi appelé syndrome de Di George). Cette mutation constitue la forme génétique de la schizophrénie la plus courante.
Dysharmonie généralisée
« En étudiant les activités rythmiques et oscillatoires des neurones de l'hippocampe chez des souris "contrôle" et des souris 22q11, nous nous sommes rendu compte que ces activités étaient altérées chez les souris 22q11 », raconte au « Quotidien » Thomas Marissal, premier auteur de l'étude. « Nous nous sommes intéressés particulièrement à l'hippocampe, car il s'agit d'une structure clé dans les altérations de la schizophrénie », précise-t-il.
Ils se sont ainsi rendu compte que la désynchronisation observée chez ces souris modèles est liée à un défaut d'activité d'une sous-population de neurones inhibiteurs, appelés neurones à parvalbumine. Ces cellules nerveuses sont minoritaires. Et pourtant, leur implication dans les réseaux neuronaux est telle que leur déficit d’excitabilité entraîne une dysharmonie généralisée.
Restaurer un fonctionnement normal
Les chercheurs sont allés plus loin : « En restaurant l'excitabilité des neurones à parvalbumine, par une approche pharmacologique, nous avons non seulement rétabli la synchronicité du réseau hippocampique, mais nous avons aussi permis aux souris de retrouver un comportement presque "normal" », détaille le chercheur. Des symptômes tels que l'hyperactivité ou des défauts de mémoire ont ainsi pu être corrigés.
« L'originalité de notre étude est d'avoir montré que ce fonctionnement normal pouvait être retrouvé à n'importe quel âge, même lorsque la maladie est bien installée, souligne Thomas Marissal. Nous espérons que cela aboutira à des pistes thérapeutiques chez l'homme. »
Pour aller plus loin dans la compréhension de la schizophrénie, d'autres études sont nécessaires. « Nous nous intéressons également à d'autres zones du cerveau impliquées dans les comportements altérés dans la schizophrénie, afin de voir si nous pourrions corriger tous les comportements anormaux », précise Thomas Marissal. De plus, ajoute-t-il, « les données de la littérature suggèrent que les neurones à parvalbumine pourraient être altérés dans d'autres formes de schizophrénie et même dans un grand nombre de maladies psychiatriques ».
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