Rive droite. Un immeuble aux grandes vitres claires dans le centre de Paris. Une entrée de plain-pied et trois niveaux : le rez-de-chaussée avec réception, secrétariat, salle d’attente et cabinets ; un étage, avec d’autres salles de consultation ; et le sous-sol, faisant office de salle de réunion et de détente. Bienvenue au premier cabinet médical Ipso, précurseur des établissements de santé collaboratifs ultramodernes. Ouvert en 2015, il abrite médecins généralistes, infirmières et les membres de la start-up Idomed, qui développe des solutions de télémédecine. Le Dr Nicolas de Chanaud participe à l’aventure depuis le début. « Je ne vois aucune dichotomie entre l’usage de la téléconsultation, pour ne parler que d’elle, et les consultations traditionnelles », explique d’emblée le jeune praticien de 34 ans. Qui poursuit, après un temps d’arrêt : « À partir du moment où elle s’inscrit dans le cadre du parcours de soins avec des patients habituels. Dans le cas contraire, le côté plateforme où un patient peut en quelque sorte commander, depuis la France entière, une consultation auprès d’un généraliste inscrit fait un peu “médecine industrielle”. »
L’accélérateur Covid
Cette précision faite, le Dr de Chanaud cite le récent exemple d’un de ses jeunes patients qu’il suit au cabinet pour des pathologies psychiatriques. « Il était en vacances chez ses parents en province, et était à court d’antidépresseurs. L’usage de la téléconsultation a permis de résoudre le problème dans le cadre de la confidentialité des relations médecin-malade. » En outre, selon le praticien, beaucoup de choses ont changé depuis la crise du Covid. Avec le premier confinement, nombre de personnes, même parmi les plus âgées, ont ainsi appris à maîtriser les outils de communication numérique type Skype pour rester en contact avec leur famille. Ils se sont aperçus que ce n’était finalement pas si difficile. « Certains se sont dit : si je peux le faire avec mes petits-enfants, je peux le faire avec mon médecin », analyse-t-il. Une réalité qui a permis aux patients du généraliste de continuer à le consulter sans prendre de risques au plus fort de l’épidémie. L’an dernier, les téléconsultations avec sa patientèle ont concerné aussi bien des personnes de 80 ans que des parents inquiets pour leur nourrisson.
Bas les masques
« Ce qui change avec la consultation physique traditionnelle, en matière de relations humaines, c’est d’abord le rituel. Venir chercher le patient dans la salle d’attente, le saluer, le faire entrer, l’écouter, puis le raccompagner à l’issue de l’examen clinique, sont des actes qui font partie intégrante du soin, des éléments importants du colloque singulier. Avec la téléconsultation, il nous faudra en inventer de nouveaux. » Pour autant s’installe parfois, paradoxalement, à travers l’écran, une proximité impossible à instaurer en ces temps troublés dans une consultation classique. « Lors de la consultation en visio, médecins et patients ne portent pas de masque. » Imparable.
François Petty
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