Edition Spéciale : Cardiologues

Editorial - Mutations

Publié le 19/05/2011
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La médecine en général et la cardiologie en particulier sont en mutation, et nul ne peut prédire ce que sera leur exercice dans cinq ans.

La démographie médicale constitue une des premières mutations : nombreux départs en retraite sans successeur en cardiologie libérale, faible souhait d’installation en libéral des cardiologues en formation. Le cardiologue de demain sera-t-il principalement un hospitalier utilisateur de plateaux techniques évolués ? Et alors, qui suivra les maladies cardiaques chroniques ?

La mise en place des Agences Régionales de Santé (ARS) restructure déjà l’offre de soins. Les projets de l’ARS d’Ile-de-France, qui diminuent le nombre de plateaux techniques importants (cardiologie interventionnelle et chirurgie cardiaque), symbolisent déjà cette mutation. Le cardiologue de demain sera-t-il principalement un hospitalier utilisateur de plateaux techniques devenus plus rares ? Et alors, qui suivra les maladies cardiaques chroniques à proximité ?

La diminution de l’innovation pharmacologique est une autre source de mutation. Ses conséquences en sont que les principaux traitements cardiologiques seront des génériques, avec des schémas thérapeutiques, qui, reposant sur des classes anciennes, seront susceptibles d’être simplifiés et utilisés largement hors de la cardiologie. Le cardiologue de demain sera-t-il un généraliste… faisant de l’échocardiographie ? L’innovation se faisant principalement dans le domaine de la thrombose, le cardiologue de demain sera-t-il un « thrombo(cardio)logue » ? Le recul de l’innovation pharmacologique ouvrant la porte aux stratégies invasives (comme la dénervation rénale dans l’hypertension artérielle), le cardiologue de demain sera-t-il un technicien invasif ?

L’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) : encore une mutation. Les patients s’informent de plus en plus sur Internet et consultent avec une nouvelle façon de comprendre leurs symptômes. Le cardiologue de demain sera-t-il un bon communiquant susceptible de répondre avec pertinence aux questions dérangeantes ? Les NTIC vont permettre l’essor de la télémédecine. Quelle sera demain la part de l’exercice des actes cardiologiques effectués hors de la présence du patient ?

Une réforme du circuit de validation et de promotion du médicament sera probablement conduite dans les prochains mois. Que deviendra le niveau de responsabilité médico-légale du cardiologue dans l’utilisation des médicaments ? Ne devra-t-il utiliser que les médicaments au rapport bénéfice/risque parfaitement connu ? Quelles en seront les conséquences pour la cardiologie interventionnelle ?

Ces quelques lignes pour rappeler que, comme il le fait depuis des décennies, le cardiologue va continuer à adapter sa pratique, mais à un nombre de mutations qui semble en progression constante. Nul doute qu’il y arrive, mais au prix d’une modification certaine de sa pratique dans les années à venir.

Dr François Diévart Dunkerque

Source : Bilan spécialistes