Essor des maisons de santé

En Midi-Pyrénées, les médecins passent à la vitesse supérieure

Publié le 07/06/2010
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Crédit photo : DR

DE NOTRE CORRESPONDANTE

VRAIE RÉPONSE aux problématiques d’accès aux soins ou effet de mode ? L’avenir le dira, mais pour l’heure, les maisons de santé ont le vent en poupe et sur le terrain, on s’organise. L’union régionale des médecins libéraux (URML) de Midi-Pyrénées vient de consacrer un colloque à ce sujet, en présence des acteurs locaux : médecins, porteurs de projets, élus, représentants de l’agence régionale de santé (ARS) et des collectivités. Ce rassemblement a aussi été l’occasion de se structurer : une fédération régionale des MSP, présidée par Noël Wuithier, généraliste dans le Gers, a vu le jour. « Cet organisme sera le premier interlocuteur de l’ARS dans les prochains mois pour accompagner les projets, aider les médecins à se former et être au plus près des décisions de l’agence en matière de financements », a indiqué son tout neuf président.

En Midi-Pyrénées, la démographie médicale n’est pas des plus basses de France. Mais le territoire très étendu se caractérise par d’importantes disparités. « En 2009, près de 60 % des installations de jeunes médecins dans la région se sont concentrées à Toulouse et en périphérie », a indiqué Michel Boussaton, président du Conseil régional de l’ordre des médecins. Ainsi aux confins du Tarn-et-Garonne, sur les contreforts de la montagne noire, ou dans les hauteurs de l’Ariège, l’accès aux soins n’est pas toujours aisé. Des difficultés que le Dr Sophie Bouvier Mouysset, généraliste, expérimente chaque jour depuis 20 ans à Varen (Tarn-et-Garonne). « Je travaille dans une zone rurale très touristique en été ; et je suis le seul médecin du village. Les quatre autres médecins du territoire prendront leur retraite bientôt. J’essaye actuellement de monter une MSP, mais si le projet n’est pas en place d’ici 5 ans, je dévisse ! », annonce-t-elle.

Retour d’expérience.

Même exaspération pour le Dr Alain Valette, généraliste à Lacaune. « Les étudiants en médecine sont très heureux de venir faire leur stage chez nous, mais à la sortie, aucun ne souhaite s’installer. Il y a à ce jour 16 généralistes dans la montagne tarnaise, si l’on ne trouve pas un moyen d’inciter les jeunes à exercer dans les campagnes, d’ici dix ans, il n’y en aura plus », a-t-il interpellé l’assemblée et en particulier Thierry Bodet, le représentant de l’ARS présent au colloque.

À ce jour en Midi-Pyrénées, 58 projets de MSP sont en cours de création et seules 5 maisons fonctionnent déjà. Sur le terrain, il faut en moyenne deux ans entre le début du projet et l’ouverture d’une maison et les porteurs de projet se heurtent à de nombreuses difficultés. Ils sont venus témoigner de leurs expériences de terrain, faire part de leurs interrogations mais aussi des changements spectaculaires que ces projets aboutis ont provoqués dans leur quotidien et celui de leurs patients. Le Dr Pierre de Haas, président de la Fédération des Maisons de Santé a ainsi raconté son expérience de création de MSP dans l’Ain. Une structure de 1 000 m2 fondée il y a quatre ans avec 3 autres généralistes et qui regroupe aujourd’hui 13 professionnels : médecins, pharmaciens, kiné, orthophonistes, infirmières, podologue… « Avec de tels regroupements, tout le monde y gagne : les patients car la qualité des soins augmente lorsque les médecins travaillent ensemble, et les médecins qui améliorent leur qualité de vie. »

Thierry Bodet, interrogé sur les moyens que l’ARS comptait mettre en œuvre pour accompagner ces maisons de santé pluridisciplinaires, a confirmé la validation du projet de santé des MSP par l’ARS. Il a aussi rappelé la mise en place d’un guichet unique pour recevoir les projets et confirmé la volonté de promouvoir de nouveaux modes de financements.

 BÉATRICE GIRARD

Source : Le Quotidien du Médecin: 8785