Fin de partie pour l'hydroxychloroquine qui ne doit plus être prescrite contre le coronavirus

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Publié le 26/05/2020
Plaquénil

Plaquénil
Crédit photo : GARO/PHANIE

C'est donc fini pour l'hydoxychloroquine ! Ce médicament promu par le controversé Pr Raoult, ne pourra bientôt plus être administré en France contre le Covid-19, ni à des patients gravement atteints ni lors d'essais cliniques, après la publication de deux avis ce mardi. Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande de « ne pas utiliser l'hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 » hors essais cliniques, que ce soit seule ou associée à un antibiotique, dans un avis rendu public ce jour. Dans le même temps, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) indique de son côté suspendre l'inclusion de nouveaux patients dans les essais cliniques de cette infection, menés en France avec cette molécule.

L'avis du HCSP fait suite à la publication d'un article du Lancet du 22 mai ne montrant pas de bénéfice de l'hydroxychloroquine ou de la chloroquine, isolément ou en associé à un macrolide, débuté précocement sur l’évolution des séjours hospitaliers pour Covid-19. L'article a même pointé des risques, en particulier cardiovasculaires (arythmies ventriculaires) pour ces patients. A la suite de cette publication, le ministre de la Santé Olivier Véran avait saisi le HCSP pour qu'elle se prononce en urgence sur une révision de règle de prescription de l'hydoxychloroquine dans cette infection.

Beaucoup de pays défavorables en dehors d'essais cliniques

En plus de rappeler les conclusions des différents travaux effectués (in vitro, chez des macaques et chez des patients) sur ce traitement, le HCSP rapporte les positions des instances de santé publique de différents de pays sur ce sujet. Ainsi, aux États-Unis, le National Institutes of Health (NIH) se prononce, « sauf inclusion dans un essai thérapeutique, contre l’utilisation de l’association l’hydroxychloroquine + azithromycine ». Le National Health Service du Royaume-Uni indique que l'hydrochloroquine ou la chloroquine ne doivent être aussi utilisés pour le Covid-19 que dans le cadre d'essais cliniques. Côté chinois : « seul le phosphate de chloroquine figure parmi les médicaments recommandés, avec mise en garde contre les effets indésirables cardiaques ».

Le HCSP indique aussi que dans son avis du 18 mai dernier (non encore publié), l’OMS recommande de « ne pas utiliser la chloroquine et l’hydroxychloroquine, isolément ou en association à l’azithromycine, pour la prophylaxie ou le traitement du Covid-19, en dehors du contexte d’essai clinique ». La principale raison est une absence d’un niveau de preuve suffisant.

Balance bénéfice/risque défavorable

Au final, le Haut Conseil qui s'est également appuyé sur des données de pharmacovigilance de CRPV, conclut que « les données actuelles disponibles, issues de la littérature, n’apportent pas la preuve d’un bénéfice sur l’évolution du Covid-19 lié à l’utilisation de l’hydroxychloroquine isolément ou en association à un macrolide. Qu’il existe une toxicité cardiaque de l’hydroxychloroquine, particulièrement en association avec l’azithromycine. Que la balance bénéfice/risque de l’hydroxychloroquine seule et en association à un macrolide est défavorable »

Fin des essais cliniques

Par ailleurs, par mesure de précaution, l'OMS remet en cause les essais thérapeutiques pour le Covid incluant ce traitement. Dans un communiqué, l'ANSM indique avoir été « informée de la position du comité scientifique de l'essai international Solidarity en lien avec l'OMS sur la suspension des inclusions de nouveaux patients qui devaient être traités avec de l’hydroxychloroquine, dans l’attente d’une réévaluation globale du bénéfice/risque de cette molécule dans les essais cliniques ». Ainsi, l'Agence du médicament a indiqué avoir lancé une procédure visant à suspendre les inclusions de nouveaux patients qui devaient être traités avec ce médicament dans les essais cliniques menés en France. Cette procédure prendra effet d'ici 24 heures. De son côté, le HCSP indique que l'essai DisCoVery qui évalue différents traitements, suspend le bras hydroxychloroquine.

Ces décisions des autorités sanitaires devraient mettre fin (définitivement ?) au débat qui agite la communauté médicale depuis plusieurs semaines autour de ce traitement présenté par certains comme un remède miracle.


Source : lequotidiendumedecin.fr