Fin de règne agité pour Marisol Touraine

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Publié le 28/04/2017
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La grève des internes et la réforme de la tarification des hôpitaux de jour auront été les derniers dossiers traités par la ministre de la Santé. Avec des sorts à ce jour différents. Décryptage.

Au ministère de la Santé, le quinquennat devait s’achever en roue libre, comme ces coureurs du tour de France qui musardent sur la route et s’émerveillent du paysage. Au final, la course s’achève sur un sprint inattendu où les points chauds se succèdent les uns aux autres.

 

Crise ouverte avec les internes

Comment sortir rapidement de la crise ouverte avec les internes et leur grève illimitée déclenchée le 18 avril ? Les revendications étonnent. Après un parcours si long, les médecins en formation réclament une étape supplémentaire. Au lieu d’un internat de quatre ans, les internes exigent un internat de cinq ans. Les jeunes gastro-entérologues, néphrologues et cardiologues sont ici en tête du peloton, soutenus par leurs aînés. Cette réforme doit s’appliquer à la rentrée 2017. Les négociations continuent. Face au risque de blocage, les internes ne désarment pas. Et lancent une pétition. Et s’adressent ainsi aux candidats à l’élection présidentielle en dénonçant un passage en force. En attendant de nouveaux renforts, les supporters ne sont pas aussi nombreux que prévus. Les doyens se désolidarisent du mouvement. « Cette réforme apporte des modifications pédagogiques novatrices », souligne dans un communiqué daté du 20 avril la Conférence des doyens. La position des internes est jugée « pas soutenable ». Ceux-ci n’y voient qu’une campagne où sont agités « tous les chiffons de la désinformation dans un mélange des genres inquiétants et avec l’aide d’une agence de communication ». Marisol Touraine joue-t-elle ici la montre ?

 

Rétropédalage sur l’hospitalisation de jour

En revanche la ministre de la Santé s’est décidée à régler l’autre conflit qui avait enflammé le monde hospitalier et surtout la Fédération hospitalière de France (FHF) à la tête du mouvement de contestation. Un arrêté en vigueur depuis le 1er mars devait réformer la tarification de l’hôpital de jour. Les hôpitaux publics avaient estimé à 500 millions la perte de recettes en année pleine si la réforme avait été appliquée. Inacceptable alors que les pouvoirs publics appellent à l’essor des alternatives à l’hospitalisation conventionnelle. L’article en cause a été suspendu. Une nouvelle rédaction en cours. Ce renoncement a été acquis de haute lutte. Avenue-Duquesne, on avait d’abord retoqué les arguments des acteurs de l’hôpital. Comment expliquer ce revirement ? « Ce n'est que le dernier avatar d’une période qui a manqué de pilotage politique et où les technos ont pris le pouvoir », diagnostique Frédéric Valletoux, le président de la FHF au quotidien le Figaro. L’inspirateur du texte, Olivier Véran, soutien d'Emmanuel Macron, s’est également désolidarisé : « Je ne me reconnais pas du tout dans ce texte. »

Au ministère de la Santé, les crises menacent jusqu’au dernier jour. Les cartons de déménagement attendront encore.


Source : lequotidiendumedecin.fr