Focus « Risque cardiovasculaire » : la prévention primaire, un check-up essentiel

Si les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité dans le monde et la deuxième en France (après le cancer), les moyens d'empêcher ou de retarder leur survenue sont de mieux en mieux connus. Lors du focus « Risque vasculaire » organisé par le Groupe Profession Santé*, auquel appartient le « Quotidien du médecin », le principe de la prévention primaire en ville a été présenté par le Dr Patrick Assyag, cardiologue à Paris, vice-président de la Fédération française de cardiologie et président de l’association de cardiologie Île-de-France.

« La prévention primaire cardiovasculaire est souvent oubliée lors des consultations de médecine générale et de cardiologie, qui se concentrent davantage sur la prévention secondaire. Or, elle est fondamentale car elle touche l'ensemble des patients sans symptômes », estime le Dr Assyag.

Dans leurs dernières recommandations, l'American college of cardiology (ACC) et l'American heart association (AHA) ont élaboré une « roue des facteurs de risque ». Les paramètres à surveiller qui y figurent sont : la prise d'aspirine, la pression artérielle, le cholestérol, le tabac, le poids, le régime alimentaire, le diabète et l'exercice physique. « Cette roue aide à réaliser un check-up de la prévention primaire », souligne le Dr Assyag.

Pas d'aspirine en prévention primaire

Le respect des règles hygiénodiététiques est la clé de la prévention primaire. Globalement, la Fédération française de cardiologie recommande l'application de cette formule : 0 cigarette, 5 fruits et légumes, 30 minutes d'activité physique par jour, et ce, dès l'enfance.

Pour les fumeurs, le Dr Assyag recommande la cigarette électronique comme aide au sevrage tabagique : « Il vaut mieux utiliser la cigarette électronique plutôt que de continuer de fumer. Elle contient de la nicotine mais est moins nocive. »

Alors que l'hypertension artérielle est sous-diagnostiquée en France, le Dr Assyag précise l'importance d'une mesure régulière de la pression artérielle (chez le médecin, en pharmacie ou à domicile). « Avec la Fédération française de cardiologie et la Société française d'hypertension artérielle, nous allons mettre en place en septembre prochain un mois de dépistage sur toute la France », annonce le Dr Assyag.

Concernant l'aspirine, si elle a pu être recommandée à petites doses dans les années 1980, des études telles que POPADAD, ARRIVE et ASCEND ont montré son absence de bénéfice en prévention primaire.

Score calcique : puissant marqueur du risque cardiaque

Un autre paramètre peut être évalué : le score calcique, obtenu à partir d'un scanner coronaire. « Ce score est une évaluation chiffrée qui représente l’étendue des dépôts athéromateux dans les artères coronaires. Il s'agit du plus puissant marqueur de risque d’accident cardiaque actuellement disponible, détaille le Pr Assyag. Il doit être proposé chez des patients à bas risque et à risque intermédiaire, voire aux patients intolérants aux statines et aux diabétiques. »

Le score obtenu permet d'adapter la prise en charge. Les individus ayant un score inférieur à 100 sont à bas risque. Seules les mesures hygiénodiététiques sont à poursuivre. Un score compris entre 100 et 400 correspond à un athérome coronaire débutant. « Un tel score justifie de lutter absolument contre les facteurs de risque classiques », note le cardiologue. Un score supérieur à 400 est le reflet de lésions nombreuses et significatives qui doivent engager la poursuite d'investigations (test d'effort, coronagropahie). « Les individus avec un score supérieur à 400 ont un haut risque d'avoir un problème cardiaque », précise le Dr Assyag.

*Événement organisé avec le soutien institutionnel la Fédération française de cardiologie