Formation, forfaits, DMP... : l'ordonnance du Cese pour mieux prendre en charge les maladies chroniques

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Publié le 11/06/2019
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Le Conseil économique social et environnemental a adopté cet après-midi à l’unanimité (158 avis favorables sur 158) un avis sur les maladies chroniques. Les deux rapporteurs, le généraliste Michel Chassang, ancien président de la CSMF, et Anne Gautier ont présenté leur travail et formulé 20 préconisations visant à « agir sur les causes et les connaissances », « améliorer la pertinence des soins et la fluidité des parcours » et « vivre avec la maladie ».

Plusieurs mesures de cet avis concernent directement la prise en charge par les professionnels de santé et leur organisation. Pour aller vers une meilleure coordination des différents acteurs du soin, le Cese estime que la formation des professionnels du champ médical, social et médico-social doit permettre de mieux connaître les rôles et les organisations des uns et des autres. Donner plus de place à l’éducation thérapeutique et « apprendre la conduite de la coordination dans la durée » font partie des autres axes de travail.

Le Cese considère également que la formation médicale actuelle ne laisse pas suffisamment de place à la prise en compte de l’environnement familial, les conditions de vie ou l’état d’esprit des patients. L’avis reprend donc celui de l’Académie de médecine qui écrivait en juin 2016 que « c’est au prix d’une transformation radicale de l’enseignement médical, fondée sur formation humaniste faisant une part important à la prévention et aux problèmes socio-économiques de la santé, assortie de stages chez les praticiens de ville, complétée par une lecture critique des travaux scientifiques et un apprentissage de l’éducation thérapeutique des patients, que l’on peut espérer former utilement les patients de demain ». De plus, le Cese indique qu’une attention particulière devra être portée à l’Outre-mer pour encourager les futurs professionnels à aller exercer dans les Dom-Tom.

Ouverture systématique du DMP

Pour améliorer la fluidité des parcours, le Cese préconise d’accélérer encore le déploiement du DMP, d’y créer une rubrique médico-sociale et a minima de proposer systématiquement son ouverture au moment de l’annonce de la maladie, « comme un premier outil d’une relation de transparence, de confiance et d’échanges qui mettra la personne souffrant de maladie chronique en situation d’être actrice de son parcours de soins », explique l’avis. La télémédecine est aussi vue par le Cese comme pouvant apporter beaucoup pour la qualité du suivi des maladies chroniques et plaide donc pour une accélération de son déploiement, en restant vigilant à ce qu’il « n’ait pas pour conséquence d’aggraver des inégalités de santé qu’elle est censée atténuer ».

Rémunération au forfait et au parcours

Les maladies chroniques passant par une prise en charge pluriprofessionnelle, le Cese salue la multiplication des possibilités d’exercice collectif et de coordination, à l’image des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et des plateformes territoriales d'appui (PTA), mais souligne la complexité des modalités de leur mise en place. Il préconise donc la simplification et l’accompagnement pratique des professionnels. Il veut également renforcer les pratiques de contractualisation entre les Ehpad et les structures médicales, sociales et médico-sociales locales. Enfin il veut encourager le développement des « pratiques avancées », à l’image des infirmières de pratique avancée (IPA), « dès lors qu’elles s’inscrivent dans l’objectif d’une prise en charge coordonnée des maladies chroniques ».

Pour l’instance, la prise en charge des maladies chroniques sous-entend également des modes de rémunération différents, à l’image de la ROSP pour les libéraux. « La ROSP peut constituer, pour les maladies chroniques, un levier à actionner à condition que de ne pas avoir pour effet d’encourager une sélection des patients », écrivent les deux rapporteurs. Du côté de l’hôpital, le rapport souligne que la T2A est peu adaptée aux maladies chroniques. Il salue en revanche l’évolution, mise en place par la LFSS 2019, de financement au forfait pour le diabète et l’insuffisance rénale chronique. Il considère qu’une extension doit être étudiée pour d’autres pathologies, ainsi que l’ouverture « aux professionnels de ville impliqués dans les soins concernés ».


Source : lequotidiendumedecin.fr