Bronchiolite

Garder confiance dans la kinésithérapie respiratoire

Publié le 17/09/2015
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460 000 enfants sont touchés chaque année

460 000 enfants sont touchés chaque année
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

La bronchiolite touche chaque année environ 460 000 enfants. Dans la plupart des cas, elle est bénigne et les mesures préconisées visent à améliorer le confort de l’enfant en attendant la guérison spontanée de l’infection.

La kinésithérapie respiratoire est ainsi souvent prescrite pour faciliter la désobstruction des bronches. Cependant, sa place dans la prise en charge a été décriée, à la suite de la publication en 2012 d’une revue de littérature par la Cochrane*, concluant à l’inefficacité de la kinésithérapie respiratoire, chez les nourrissons hospitalisés pour bronchiolite. Les données montraient qu’elle ne permettait pas de réduire la durée de la maladie, ni de réduire la durée d’hospitalisation. « Ces résultats ont semé le doute chez les professionnels amenés à prescrire la kinésithérapie respiratoire. Ils n’étaient cependant pas extrapolables à l’ensemble des bronchiolites, notamment les bronchiolites vues en ville qui représentent plus de 95 % des cas », souligne le Dr Sydney Sebban, pédiatre et coordinateur du réseau bronchiolite Ile de France.

« Par ailleurs, il existe différentes formes de bronchiolites en fonction du phénotype des nourrissons. La bronchiolite commune correspond à un encombrement passager des bronches d’origine virale et dans ce cas, la kinésithérapie respiratoire présente tout son intérêt. Dans d’autres cas, plus rares, il co-existe une hyperactivité bronchique nécessitant des bronchodilatateurs et/ou une corticothérapie et la kinésithérapie n’est alors pas utile, en tout cas sur les symptômes liés au spasme bronchique », poursuit le Dr Sebban.

Une action symptomatique

Le consensus français (en 2000) a bien recommandé la kinésithérapie respiratoire avec augmentation du flux expiratoire (AFE), mais elle ne doit pas être systématique. Elle doit dépendre de l’état clinique de l’enfant, c’est-à-dire de son degré encombrement bronchique et de ses comorbidités.

Un consensus actualisé au sein des hôpitaux universitaires du Grand Ouest (HUGO) a récemment précisé les indications de la kinésithérapie respiratoire ainsi que la place des autres traitements symptomatiques, en insistant sur la nécessité de bien distinguer un asthme débutant du nourrisson d’une bronchiolite aiguë virale (**).

De fait, la pratique de la kinésithérapie respiratoire n’a aucune influence sur le délai de guérison de la bronchiolite. Son but n’est pas de guérir plus vite, mais d’améliorer la tolérance de l’épisode. Sur le plan symptomatique, elle agit sur l’encombrement des voies aériennes en améliorant le confort respiratoire des nourrissons, leur permettant de mieux prendre leur biberon, de mieux dormir…

Le kinésithérapeute sait évaluer l’encombrement respiratoire de l’enfant et dire si des séances sont indiquées. « En outre, il peut surveiller l’évolution de la maladie. Il joue un rôle essentiel de sentinelle et peut alerter le médecin en cas d’aggravation », ajoute le Dr Sebban.

Deux premières études en ambulatoire

Le Réseau bronchiolite d’Île de France vient de mener deux études en ambulatoire afin d’évaluer les bénéfices de la kinésithérapie respiratoire. La première étude a été menée chez plus de 160 nourrissons (‹ 1 an) atteints d’un premier épisode de bronchiolite. L’effet de la kinésithérapie (jugé par le score de Wang) s’est montré très important au bout d’une séance, maintenu jusqu’à la deuxième séance à 24 h d’intervalle et encore amélioré après celle-ci. L’autre étude a été réalisée aux urgences d’un hôpital parisien : la kinésithérapie a apporté un confort respiratoire suffisant permettant le retour à domicile des nourrissons.

*Roque I et al. Chest physiotherapy for acute bronchiolitis in paediatric patients between 0 and 24 months old. Cochrane Syst. Rev 2012 :2CD004873.

**Verstraete M et al. Prise en charge de la bronchiolite aiguë du nourrisson de moins de 1 an : actualisation et consensus médical au sein des hôpitaux universitaires du Grand Ouest (HUGO). Archives de Pédiatrie 2014 ;21 :53-62.

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9433