« Les contemporains de Raphaël et Michel-Ange ont d'emblée cherché à distinguer leur génie respectif. » Pour l'écrivain Lodovico Dolce, « Michel-Ange recherchait toujours la difficulté dans ses œuvres tandis que Raphaël, au contraire, recherchait l'aisance-chose difficile à atteindre ». Mais regardaient-ils de la même manière que les visiteurs des musées du XXe siècle ? La réédition du livre de Michael Baxandall montre pourquoi L'œil du Quattrocento est spécifique et comment les pratiques sociales exerçaient une influence directe sur l'art du peintre. Par exemple, au début du Quattrocento, l'acheteur n'achetait pas un tableau fini. Le contrat, précommande d'une extrême précision allait jusqu'à indiquer la quantité d'outremer utilisée. À la fin du siècle, le montant du contrat dépendra davantage de l'« aisance » du peintre que de la somme des consommables. De même, les thématiques d'inspiration religieuse répondent aux exigences du temps. Michel Baxandall prend l'exemple de l'Annonciation. Et démontre comment les prédicateurs populaires inspirent directement les peintres dans le choix de l'attitude adoptée par la Vierge Marie entre trouble, réflexion, interrogation et soumission. Bref, un livre court, rapide, nerveux qui permet au lecteur d'approcher au mieux l'esprit du XVe siècle.
Michael Baxandall, l'œil de Quattrocento, l'usage de la peinture dans l'Italie de la Renaissance, collection tel Gallimard, 240p, 14,50 euros.
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