Imagerie : en Ile-de-France, « Région sans Film » vise le zéro papier

Publié le 08/04/2013
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D’UNE MAIN gracile, le Dr Laurence Pleskof désigne son écran de gauche. « Voici l’IRM cérébral d’un patient âgé hémodialysé avec troubles neurologiques. Avec la souris, je peux agrandir le cliché, le diminuer, multiplier les coupes et les juxtaposer sur mes deux écrans pour une meilleure interprétation. Avant, les radiologues affichaient la radio au mur et c’est tout. Ca change la donne ! ».

Depuis juin 2012, le Dr Pleskof et ses trois confrères radiologues du CH des Quatre villes (Saint-Cloud, Hauts-de-Seine) ont modifié leur façon d’exercer avec le programme « Région sans Film » d’imagerie partagée. Initié en 2008 par l’ARS d’Ile-de-France, ce dispositif vise à faciliter la consultation à distance des clichés d’imagerie. Il mutualise les données entre établissements et favorise la communication ville-hôpital. Avec en toile de fond la politique responsable « zéro film, zéro papier ». 38 établissements franciliens (des hôpitaux et quelques cliniques) ont souscrit au programme et seront, à terme, interconnectés.

De la plaque au clic.

Qu’apporte cet outil aux PH ? Aux dires du Dr Jean-Victor Raust, un gain de temps, de volume et d’efficience. « L’hôpital est situé sur deux sites, à Sèvres et à Saint Cloud, détaille le chef de service radiologie. La téléradiologie nous permet d’interpréter les clichés à distance en évitant les allers-retours. Ca résout les problèmes de stockage. Avant, pour des maladies évolutives sur 20 ans comme le cancer, c’était l’enfer pour retrouver les premières images en plaque archivées ici ou là. Désormais, tout est accessible en un clic ».

Depuis juin 2012, 14 800 dossiers patients informatisés ont vu le jour. Seuls les quatre radiologues et les onze urgentistes (sur les deux sites) de l’hôpital sont autorisés à interpréter les images. « Après que le manipulateur a fait ses clichés et coté son acte, urgentistes et radiologues peuvent commenter simultanément les images, expose le Dr Pleskof. Les renseignements cliniques sont inscrits dans le dossier patient visible en même temps. Ça facilite la vie à tout le monde ! ».

Le coût est financé par six millions d’euros de subventions du plan Hôpital 2012. Mais les établissements doivent quand même mettre la main à la poche selon leur niveau d’abonnement.

Et à l’extérieur ? Les autres établissements adhérents à « Région sans film » (comme les instituts de cancérologie Gustave Roussy et Curie, précurseurs) ont accès à la plateforme de données partagées ainsi que quelques rares cabinets privés de radiologie. L’ARS annonce l’ouverture du dispositif à la ville « à partir de la mi-mai ». Mais l’incompatibilité des logiciels métier risque de perturber le calendrier.

 A.B.-I.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9232