La gestion a été pour le moins chaotique. Le gouvernement n’est pas responsable de tous les ratés. Pour autant, cette crise sanitaire a révélé un certain nombre de faiblesses de la parole politique, celle qui affirme, tranche, sans émettre le moindre doute. Dans le cadre d’une pandémie dominée par un grand nombre d’incertitudes, adopter ce type de discours apparaît comme une erreur. C’est une faute médicale de dire en février, comme l’a dit Olivier Véran en février, « le masque ne sert à rien ». Ces paroles péremptoires entraînent inéluctablement des volte-face. Après avoir claironné sur l’objectif de tester tout le monde, on en est venu à tester les personnes symptomatiques et les cas contacts. Et on a changé là encore de stratégie. Enfin, après avoir privilégié le couple préfet-maire, le pouvoir a recentralisé le processus de décision dans une tradition jacobine. En médecine, nous sommes mobilisés par des doutes. Ce qui n’entrave pas l’action. En revanche, les changements d’opinion génèrent un déficit de crédibilité, nourri par les crises précédentes. Le citoyen adopte un regard de suspicion. Au lieu d’énoncer des vérités successives et contradictoires, il eut mieux fallu appeler à la responsabilité de chacun. Les citoyens sont disciplinés lorsqu’ils comprennent les enjeux. On ne peut certes pas prévoir l’imprévisible. Mais il faut faire appel à l’intelligence.
Le doute est-il audible par les patients ou les citoyens ?
Le doute peut s’exprimer par des phrases du type « Il y a toutes les chances de penser que ». La démarche éthique relève du débat, du doute et du pragmatisme. Le médecin en permanence pèse les bénéfices/risques, avantages/inconvénients. Puis il agit à 90 % sans disposer d’une certitude à 100 %. Par ailleurs, le couple médecin/politique au détour de cette crise a volé en éclats. Dans un premier temps, le politique qui n’ignore pas le risque pénal appelle l’expert, le médecin pour se protéger. Mais le médecin n’exprime qu’une partie de la vérité. Le politique ne doit pas être lié à l’expert. Le divorce dans ce cadre entre le conseil scientifique et le gouvernement était inévitable. On a écarté la pédagogie en se réfugiant dans l’autorité de l’État. Cela a été une erreur. Le politique doit choisir une voie qui prend en compte d’autres paramètres que les seuls critères sanitaires.
Le Dr Véran a-t-il été trop politique et pas assez médecin ?
Non, c’est un atout que le ministre soit médecin. Il a malheureusement perdu du crédit au fil du temps du fait de stratégies médicales qui se sont inversées. En témoigne l’affaire du masque qui a été destructrice pour le Dr Olivier Véran.
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