Le désir gouverne le monde. C'est une drogue addictive qui n'a pas encore d'antidote. Comme nous le démontre une nouvelle fois William Shakespeare, il conduit les hommes et les femmes aux folies les plus extrêmes. Voyez la troupe de la Comédie-Française. Dans La Nuit des Rois mise en scène par Thomas Ostermeier, elle est totalement déjantée. Et se livre aux excentricités les plus extravagantes. Le pire peut-être, c'est que l'on en redemande. Tout commence pourtant par un naufrage. Viola, sans ressources, seule au monde croit-elle, se travestit en Césario pour se mettre au service du duc Orsino. Ce dernier se consume d'amour pour la belle Olivia qui loin de partager cette flamme en pince plutôt pour le beau (belle) Césario. La ronde des sentiments se complique avec les machinations d'un trio cruel qui n'a pas encore compris que l'on ne badine pas avec l'amour. À la fin apparaît un beau jeune homme, frère jumeau de Viola. L'intrigue s'enrichit par les tirades d'un fou du roi qui se joue admirablement de toutes ambiguïtés, surtout celles des mots. Comme il ne faut jurer de rien, Thomas Ostermier n'hésite pas à convoquer l'esprit du cabaret interlope et des chansonniers pour injecter ce qu'il faut de commentaires sur l'actualité la plus chaude. Dans cette comédie qui tutoie à la fin le tragique, où la mélancolie paraît associée à un amour jamais assouvi, les comédiens excellent à nous transmettre toute la palette des sentiments, toutes les couleurs du désir et configuration imaginables du couple. Mention spéciale à Georgia Scalliet qui interprète Viola déguisée en Césario avec toute l'émotion sensible. Une grande réussite grâce au mariage entre folie, modernité, provocations et magie d'un texte excellemment traduit par Olivier Cadot.
La nuit des Rois ou tout ce que vous voulez de William Shakespeare, mise en scene Thomas Ostermeier. Comédie-Française, salle Richelieu jusqu'au 28 février 2019.
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