La fin préméditée d'une greffe de main

Publié le 06/02/2001
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P OUR le Dr Gabriel Burloux, psychiatre à l'hôpital Edouard-Herriot (Lyon), « l'amputation de Clint Hallam, le premier allogreffé de la main, était une chose attendue ».

« L'état du membre n'était pas bon : Clint Hallam avait arrêté les médicaments anti-rejet il y a soixante jours. Sa vie était en danger, menacée à terme par une septicémie », explique le chirurgien britannique, le Dr Nadey Hakim.
Déjà au mois d'août 2000, le Néo-Zélandais avait fait part au Pr Dubernard de son désir d'être amputé. Le praticien lyonnais avait alors fait établir un bilan médical, fonctionnel et psychologique qui montrait « une situation inchangée depuis le début 2000 et ne nécessitant pas l'amputation ». Il existait à cette date « des signes minimaux de rejet réversibles. Malgré le non-respect du traitement depuis le mois d'avril précédent, aucun élément ne permettait de penser que sa main était foutue ou sa vie en danger ». Depuis cette date, Clint Hallam avait déclaré qu'il se sentait « encore plus handicapé qu'avant... Mentalement détaché de cette main ». Le Dr Hakim, devant l'état physique et psychologique du patient, a donc décidé de procéder à l'amputation. Interrogé sur ses sentiments personnels, le Dr Hakim ne s'est pas déclaré déçu. « Mon travail, ma vie ont été la transplantation, et la transplantation, c'est comme cela que ça marche : rien n'est jamais acquis, ça ne dure pas toute la vie... Le premier cœur ou le premier rein qui ont été transplantés n'ont fonctionné que pendant dix jours. »

Une porte s'est ouverte

Pour le Dr Burloux, psychiatre, « il faut comprendre Clint Hallam. Il ne faut pas oublier que cet homme a été le patient parfait pendant un bon moment. Il a ouvert une porte, il nous a appris énormément de choses et il a rendu un service à la science. Je pense qu'il faut maintenant réserver ce type d'interventions aux amputés des deux mains. A ce titre, les résultats de la double allogreffe pratiquée sur Denis Châtelier en janvier 2000 semblent très prometteurs ».
La main amputée a été confiée à un pathologiste à des fins d'examen.

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6851