La France, lanterne rouge des autopsies, s’inquiète l’Académie

Publié le 11/04/2015

Crédit photo : APHP-TENON-GARO/PHANIE

L’Académie nationale de médecine tire la sonnette d’alarme sur la baisse inquiétante du nombre d’autopsies médico scientifiques qui selon elle, pourrait « gravement hypothéquer le progrès médical ». Pendant 8 mois en 2013, les Académiciens ont recensé le nombre d'autopsies scientifiques menées en France. Ce chiffre s’élevait à 588 autopsies d’adultes, 433 d’enfants et 6541 actes de foetopathologie. Alors qu’en 2011, le nombre d’adultes autopsiés s’élevait à 601.

Dans les autres pays d’Europe, une tendance similaire à la baisse se remarque, même si les chiffres restent supérieurs à ceux observés en France. Seule la Belgique suit une courbe inverse (60 autopsies en 1998 contre 219 en 2011). Une tendance qui fait qualifier la France « de lanterne rouge » par les Sages de la rue Bonaparte.

Quatre explications à ce déclin

Les causes de refus d’autopsies sont souvent dues aux croyances religieuses des familles, percevant cet acte comme une profanation du corps du défunt. Du côté des cliniciens, les prescriptions se raréfient, les progrès réalisés in vivo réduisant les incertitudes thérapeutiques. S’ajoute à cela la crainte des conséquences judiciaires des découvertes d’autopsie, bien que les condamnations pénales prononcées à la suite d’une erreur médicale confirmée par autopsie soient rares. La méconnaissance des circuits administratifs pour obtenir l’autorisation des familles ne facilite pas les démarches.

Quant aux anatomo pathologistes hospitaliers, ils semblent démotivés par la réalisation de cet acte car trop consommateur de temps et d’argent. L’autopsie est aussi victime de la crise économique : elle n’est pas mentionnée dans la classification commune des actes médicaux ( CCAM) car « elle n’est pas considérée comme un acte médical et n’est pas incluse dans la T2A ». De plus, aucune enveloppe budgétaire n’existe à cet effet.

La foetopathologie, une exception à la règle

Le cas de la foetopathologie fait figure d’exception car bien plus pratiquée qu’auparavant et mieux acceptée que ne l’est l’autopsie de l’enfant ou de l’adulte. Elle est de plus, un outil de veille sanitaire important. En effet, elle permet le dépistage d’agents tératogènes environnementaux, la constitution de registres de malformations, l’établissement de données auxologiques, des recherches sur le développement embryo fœtal normal et pathologique, améliorant le dépistage prénatal de ces pathologies.

Au final, les Sages plaident en faveur du développement de centres de référence comportant des équipes mobiles pour des interventions à une échelle locale, venant compléter la mise en réseau de centres de référence existants. Pour une meilleure acceptation de cet acte par les familles, les experts préconisent un message simple : « l’autopsie est utile à la connaissance exacte des causes de décès, et les découvertes qu’elle permet ne sont pas, par essence, prévisibles. Cet acte généreux profitera aux prochains malades ».


Source : lequotidiendumedecin.fr