Le clou de la vente sera incontestablement un des premiers stéthoscopes en bois de cèdre ayant appartenu au docteur Gilopieu réalisé autour de 1820 (estimation : 5 000 euros). Cette invention a une histoire. Un après-midi d’octobre 1815, René Laennec passe sous les guichets du Louvre. Il voit des enfants qui jouent parmi les décombres. Un gamin gratte l’extrémité d’une longue poutre avec une épingle. À l’autre bout, l’oreille collée, ses camarades recueillent les sons. Laennec s’arrête devant ce jeu et immédiatement trouve la réponse à un problème qu’il se posait depuis longtemps. Il se rend au chevet d’une jeune cardiaque où il roule en cylindre une feuille de papier à lettres dont il appuie une extrémité sur la poitrine de la patiente et l’autre à son oreille. Et voici que le double bruit du cœur et celui de la respiration lui parvient avec netteté. L’auscultation est inventée. C’est le même Laennec qui donne à son instrument le nom de stéthoscope qui est dérivé du grec (stétho signifiant poitrine).
Un cœur pédagogique à 1 200 euros
Plus dramatique. Un coffret rectangulaire en bois comprenant deux plateaux et tous les instruments pour amputer est estimé 1 800 euros. Il est signé Charrière à Paris et a été réalisé au XIXe siècle. Joseph-Frédéric-Benoît Charrière est né en 1803 à Cerniat dans le canton de Fribourg en Suisse. Dès 13 ans, il entre en apprentissage à Paris chez un fabricant de couteaux. Il apprend si vite qu’en 1820 il établit une société de fabrication d’instruments chirurgicaux qui comptera autour de 1840 près de 400 employés. Beau succès. Une pharmacie de voyage en bois bien complète de ses flacons, son mortier et son pilon ainsi que de sa balance sont estimés 500 euros.
Plus rare, le cœur pédagogique du docteur Auzoux devrait atteindre 1 200 euros. C’est un modèle anatomique démontable réalisé en papier mâché au milieu du XIXe. Grâce au côté gauche amovible, on voit l’intérieur de ses cavités, les reliefs du muscle cardiaque, les valves, les valvules et leurs cordages. Des étiquettes ont été contrecollées pour nommer toutes les parties. Le docteur Auzoux a mis au point de nombreux modèles anatomiques utilisés dans l’enseignement de la médecine humaine et vétérinaire.
Avec 800 euros, un collectionneur devrait repartir avec l’aspirateur du docteur Potain proposé dans un coffret en cuir noir et avec son mode d’emploi. C’est rare pour un appareil datant de la fin du XIXe. Carl Pierre Édouard Potain, né en 1825 était un cardiologue connu pour ses travaux sur la mesure de la pression artérielle. Son aspirateur est un appareil comportant une canule reliée à un flacon dans lequel on réalise une dépression à l’aide d’une pompe. Il est utilisé pour évacuer l’épanchement de certaines pleurésies.
Estimation totale : 200 000 euros
Dans le couple Renner, si Claude s’intéressait plus aux instruments de médecine, son épouse Danielle avait une passion pour les objets plus liés à la pharmacie. C’est elle qui dénicha les 13 pichets en étain (estimation : 5 200 euros). Ils ont été réalisés à Paris par différents maîtres orfèvres à la fin du XVIIe début XVIIIe. Le prix élevé de ces pichets s’explique car ils ont disparu au XVIIIe siècle à la suite d'un décret préconisant de les remplacer par la faïence, pour des raisons de santé publique.
Danielle a aussi trouvé ces grands pots Albarelle de forme cylindrique qui servaient pour la pharmacie. La plupart recueillaient les plantes médicinales séchées des apothicaires. Un pot fabriqué à Venise au XVIe avec comme décor un jeune homme à la collerette est estimé 4 000 euros. Même estimation pour un autre en majolique exécuté à Trapani en Sicile au XVIIe siècle.
L’estimation totale est de 200 000 euros. Contre les collectionneurs, il y aura peut-être quelques musées qui préempteront car le sujet est rare et les pièces pas aisées à trouver. Pas de chance pour les bibliophiles, les ouvrages de la collection ont été vendus séparément. Bonnes enchères
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature