Les cancers de la tête et du cou, encore appelés cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS), figurent parmi les cancers les plus fréquents (septième rang).
Leur pronostic n’est bon que s’ils sont détectés au stade précoce (I ou II) ou s’ils sont associés au papillomavirus (HPV). Or leur détection demeure difficile, et il n’existe aucun biomarqueur pour surveiller le progrès thérapeutique.
Dans une étude de preuve de principe, une équipe dirigée par Nishant Agrawal et Bert Vogelstein (université Johns Hopkins, Baltimore) montre maintenant qu’il est possible de détecter l’ADN tumoral dans la salive et le sang des patients.
Leur étude porte sur 93 patients qui présentaient un cancer de la cavité buccale (46), de l’oropharynx (34), du larynx (10), ou de l’hypopharynx (3). 22 % avaient un cancer précoce.
Une centaine de tumeurs évaluées
Les chercheurs ont d’abord évalué les tumeurs. Trente d’entre elles, quasiment toutes oropharyngées, hébergeaient l’ADN de l’HPV16 - papillomavirus lié au cancer. Les 58 autres tumeurs contenaient une des mutations causales fréquentes (TP53, PIK3CA, CDKN2A, FBXW7, HRAS, et NRAS). Pour les 5 tumeurs restantes, une mutation causale a pu être identifiée.
Ils ont ensuite examiné la salive des patients (prélevée avant traitement) et le sang de 47 patients.
Les résultats montrent que l’analyse combinée de la salive et du sang réussit à détecter l’ADN tumoral chez 96 % des 47 patients (sensibilité de 96 %) avec une spécificité de 100 %. La sensibilité est de 100 % pour les cancers précoces (n=10) et de 95 % pour les cancers avancés (n=37).
Si l’on distingue la localisation du cancer, ces 2 tests combinés détectent l’ADN tumoral chez 100 % des patients ayant un cancer de la cavité buccale, du larynx, ou de l’hypopharynx, mais chez 91 % des patients avec un cancer oropharyngé.
La salive est plus sensible pour détecter les cancers de la cavité buccale (100 %, au lieu de 47 à 70 % pour les autres cancers), tandis que le sang est plus sensible pour les autres cancers (86 % à 100 %, contre 80 % pour ceux de la cavité buccale).
En outre, l’analyse salivaire post-chirurgicale a permis de détecter l’ADN tumoral chez 3 patients avant le diagnostic clinique de rechute (jusqu’à 19 mois avant) ; aucun ADN tumoral n’était détecté chez les 5 patients sans rechute.
Ceci ouvre donc la voie à un test diagnostique pour dépister les patients à risque, détecter une rechute, et surveiller la réponse au traitement. Selon l’équipe, un test basé sur l’ADN HPV16 et les mutations TP53, PIK3CA, NOTCH1, et CDKN2A pourrait détecter plus de 95 % des cancers VADS.
« Nos résultats suggèrent que l’ADN tumoral permet d’évaluer en temps réel l’évolution de la maladie, explique au « Quotidien » le Dr Nishant Agrawal. Nous devons maintenant améliorer la performance du test, confirmer nos résultats dans une plus grande étude, et définir exactement les indications du test. »
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