Hier soir, j’étais au restaurant. En fin de repas, j’ai mis ma carte bancaire dans le lecteur de cartes, et dix secondes après, ma banque répondait que l’argent demandé était sur le compte, et le restaurateur était payé. Je me suis alors mis à rêver. Mon patient met sa carte vitale dans mon lecteur, ce dernier interroge Dame Sécu, et celle-ci répond dans les dix secondes que le patient a déclaré un médecin traitant, qu’il s’agit bien moi, que le patient a une mutuelle à jour de paiement, et je suis aussitôt réglé, et par Dame Sécu et par la mutuelle du patient ; dans le cas contraire, le lecteur m’indique la somme à régler par le patient. N’oublions pas que nous vivons dans un ménage à trois : médecin, patient et assurances, aux responsabilités partagées. Mais, il ne faut pas rêver.
En effet, un de mes loisirs préférés est de faire de la généalogie sur Internet. Alors prenons comme exemple un département des plus pauvres de France, la Creuse. Ayant en ma possession un nom et sa date et lieu de naissance, il me faut, chrono en main, deux minutes pour avoir accès à son acte de naissance sur l’état civil numérisé par ce département. Prenons un autre département, beaucoup plus riche, mais dont je ne citerais pas le (les) nom(s), il faut environ une demi-heure. D’un côté, un décideur politique compétant et soucieux des deniers du contribuable et de l’utilisateur, qui paye en connaissance de cause un programmeur informaticien digne de ce nom, et qui mérite les félicitations. De l’autre côté, tout le contraire. Quant aux décideurs de Dame Sécu,..je vous laisse choisir le côté.
Il en fut de même avec nos antiques représentants syndicaux, qui décidèrent informatique, de toute évidence en connaissance de cause pour les médecins, car ils n’étaient même pas informatisés ! Prouesse qui permet ainsi d’être décoré de la Légion d’Honneur. De l’informatique, tous ces gens-là ne connaissent qu’un seul mot : outilultrarapidequifaitgagnerdutemps ». C’est un peu comme s’ils ne connaissaient que ce mot face à une automobile.
Prenons un seul exemple : les premiers lecteurs de cartes vitales fonctionnaient sous port série, port de l'époque, mais les ordinateurs modernes n’en proposent plus car il y a mieux. Alors, il a fallu évoluer… et ils fonctionnent par obligation avec un port USB… qui ne fait qu’émuler un port série. C’est un peu comme si les informaticiens de haut vol de la Sécu étaient seulement capables d’habiller un moteur de De Dion-Bouton avec une carapace de Lexus hybride Toyota (je viens de vérifier sur le net, c’est exactement le même prix). Histoire de faire croire à Ségolène, pardon, aux médecins, à l’heure écologique où l’on commence à étudier la pollution énergétique liée au gaspillage informatique, que ce dernier cri qui leur est proposé mérite une pastille des plus vertes à coller sur le pare-brise de ce lecteur de cartes vitales. Histoire aussi, de refiler la lenteur de l’outil informatique dont ils ne comprennent strictement rien, aux professionnels de santé. Mais ces derniers sauront-ils se défendre contre cette supercherie ?
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