Voilà une tragédie qui ne se conclut pas tragiquement. Bérénice, maîtresse délaissée par Titus, nouvel empereur de Rome, pour raison d’Etat, retournera sagement à Césarée. Marguerite Duras en a tiré un court métrage projeté entre les actes lors de la représentation. Cette nouvelle mise en scène, très classique dans sa forme, adopte toutefois un parti-pris, inscrire la pièce dans son contexte moyen-oriental traduit par ce sable qui recouvre la scène. Celie Pauthe n’hésite pas à faire s’exprimer Bérénice en hébreu, à l’acmé de sa colère. Mais ce point de vue assumé s’il peut heurter les puristes fait sens. Rien n’est surligné. Et ce fil est tiré tout au long avec élégance. On entend enfin le vers racinien dans toute sa plénitude. Pour autant, ce spectacle de bonne tenue ne s’envole pas. La faute peut-être à une direction d’acteur à hauteur d’homme et de femme. Titus ici semble englué dans un conflit d’intérêt classique, privilégier son amour ou satisfaire l’opinion publique qui ne peut accepter un mariage avec une reine étrangère. Même Bérénice joue un ton en dessous qu’exige son rôle, en tout cas le jour de notre venue. Demeure le plaisir d’entendre une fois encore ces alexandrins qui ravissent tant le spectateur.
Bérénice de Jean Racine, mise en scène Célie Pauthe ; Odéon, Théâtre de l’Europe, Ateliers Berthier, jusqu’au 10 juin.
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