L'association SPS a reçu 2 000 appels en un an et lance un blog pour aider les soignants en souffrance

Par
Publié le 01/02/2018
Souffrance des soignants

Souffrance des soignants
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Depuis son lancement il y a un peu plus d’un an, le numéro vert d’appel de l’association SPS (soins aux professionnels de santé, 0805 23 23 36) a déjà reçu près de 2 000 appels de soignants en souffrance. Malgré tout, le Dr Éric Henry, président de l’association, estime qu'il est toujours possible de faire mieux. « La plateforme SPS ne répondait qu’à une catégorie de gens, ceux qui sont capables de parler. Mais on l’a vu avec les mouvements #balancetonporc ou #balancetonhosto, les gens écrivent. »

L’association vient donc de lancer le site Internet « Expression de soignants » afin justement de permettre aux professionnels de santé en détresse (ou à leurs proches) de se confier de manière anonyme. Ceux qui le souhaitent peuvent aussi laisser un numéro de téléphone pour être rappelés. « Nous allons aussi mettre en place un système d’analyse des messages qui va repérer certains mots, comme suicide par exemple et nous envoyer des alertes », explique le Dr Henry. Un deuxième niveau d’analyse sera réalisé par l’intelligence artificielle « semdee », qui va cette fois travailler sur des expressions. Le blog ne se contente pas de recueillir les mots des maux, mais il a aussi vocation à être une véritable boîte à idées. La partie « j’agis » propose en effet de récolter les propositions de ceux qui veulent apporter des solutions contre le mal-être des soignants. Le formulaire est une nouvelle fois anonyme.

Malgré la concurrence, SPS, là pour rester 

Le site « Expression de soignants » vient donc compléter les dispositifs mis en place par SPS avec leur plateforme d’écoute, les formations ou les unités de soins dédiées. Si financièrement, l’association a eu du mal à boucler l’année dernière, elle continue de s’étendre. « Nous avons des ARS et des URPS qui nous appellent pour nous rejoindre, donc si à terme chacun prend en charge le financement sur son territoire on ne devrait plus avoir de problème », souligne le Dr Henry, qui doit rencontrer Nicolas Revel après l’assemblée générale de SPS du 7 février. La pérennité de l’association n’est pas non plus remise en cause par le lancement en début d’année, par le Conseil national de l’Ordre des médecins, d’un autre numéro pour venir en aide aux médecins et internes en difficulté. « L’Ordre était là avant nous sur ce sujet, sur un concept compassionnel : on écoute les médecins et on garde le silence, rappelle Eric Henry. Il y a également une médecine du travail à l’hôpital mais les médecins n’y vont jamais. » Selon le généraliste breton, les médecins hésitent souvent à se tourner vers de ces « structures sanctionnantes ». « Vous n’allez pas appeler l’Ordre pour leur dire que vous avez une addiction à la cocaïne », estime-t-il. Le Dr Henry considère donc que les différents dispositifs ne se font pas concurrence mais sont complémentaires. « Les trois systèmes d'entraide pourront toujours vivre les uns à côté des autres car ils répondent à des gens différents. Nous pouvons maintenant couvrir 100 % des professionnels. »


Source : lequotidiendumedecin.fr