Parmi eux les nouveaux techno-utopistes qui promettent la vie éternelle. Les médias en raffolent. Agités par les industries de santé, les Gafa (Google, Amazone, Facebook et Apple) créent souvent la crainte des téléspectateurs et des internautes qui sont des proies faciles. Et les patients se prennent pour leurs docteurs. Les ministres louent la French Tech médicale et les divers capteurs que nous aurons dans nos vêtements et dans notre peau. Les médias et quelques gourous répètent que la vie s’allonge. Jean-Pierre Thierry, médecin et informaticien, et Claude Rambaud qui milite pour les droits de patients s’y connaissent. Au travers d’un livre assez dense, ils explorent les zones grises de la médecine moderne. Et souhaitent que les médecins se réapproprient la santé de leurs malades.
Argent roi
L’argent est roi en médecine. Les performances économiques des entreprises industrielles et pharmaceutiques sont exceptionnelles depuis deux décennies. Les conditions d’une explosion de dépenses menace le système. Pour nos auteurs, la cause est due à un niveau de surmédicalisation dangereux lié d’abord à des déraisons économiques. Ils s’attaquent aux statistiques et aux études. Un risque médical peut être surestimé. Ou plutôt leur mauvaise interprétation serait fréquente. Même par les milieux scientifiques et médicaux qui sont censés être formés et avertis. Les données médicales peuvent être aussi manipulées (pour la bonne cause !) par des instituions de santé. « L’Inca, par exemple » écrivent les auteurs, « pour favoriser le dépistage n’est pas assez précis dans son usage des statistiques sur la mortalité due au cancer du sein ». Autre argument bien connu celui-là et dont les médecins se méfient : les faux positifs. La qualité des publications fait parfois défaut et il convient de les surveiller. Enfin, Jean-Pierre Thierry qui en fut un spécialiste s’interroge sur les conditions de réalisation des actes d’imagerie et des dangers d’irradiations inutiles.
Le patient n’est pas un consommateur
Le livre de Jean-Pierre Thierry et Claude Rambaud prouve surtout que la médecine est une discipline compliquée. Et qu’elle ne peut pas être abandonnée dans toutes les mains. Que les charlatans n’ont pas disparu. Qu’ils sont parfois au cœur même du système. Maintenant ils passent à télévision et sur Internet. Et certains de nos confrères sont trop sensibles aux intérêts mercantiles. Pour autant, le livre ne s’abstient pas lui non plus de présenter des statistiques. Sont-elles plus sûres ? Le doute subsiste. Et il n’est pas assez montré que certaines pathologies tueuses ont été vaincues grâce à la médecine et à la recherche. Le livre aurait mérité de rappeler les grandes innovations et la reconnaissance que l’on doit aux grands chercheurs publics et privés du Sida et des maladies infectieuses, de l’imagerie, de la chirurgie … Oui à une « médecine réaliste et responsable » mais il convient de ne … « pas jeter le bébé avec l’eau du bain ».
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