CONGRES HEBDO
L ES syncopes neurocardiogéniques concernent une personne sur six. Leur origine reste inexpliquée. Même si ces syncopes ont un pronostic favorable, elles entraînent un coût important lié à la morbidité secondaire (hospitalisation et traumatisme). Elles s'accompagnent chez certains patients d'un véritable handicap social et professionnel.
La syncope neurocardiogénique se caractérise par une méthode d'exploration appelée « Tilt-test », épreuve de verticalisation sur une table basculante avec monitoring cardio-vasculaire. Cette méthode est peu sensible et peu spécifique. « Car, explique le spécialiste, la plupart des sujets sont quasiment normaux entre les épisodes syncopaux ; la compréhension de la physiopathogénie de ces épisodes est donc extrêmement difficile.C'est pour cela que nous nous intéressons à une situation particulière : il s'agit du vol spatial. Après quinze jours de vol, le cosmonaute présente une véritable intolérance à l'orthostatisme qui s'accompagne d'un nombre importants de syncopes. »
Comment expliquer cet événement cardio-vasculaire ? Sur Terre, la gravité attire le sang dans le segment inférieur (abdomen et membres inférieurs) avec un remplissage cardio-thoracique normal. En apesanteur, l'absence de gravité entraîne une nouvelle répartition du volume sanguin avec augmentation de la volémie relative au niveau cardio-thoracique et perception par l'organisme d'une hypervolémie relative ; ce phénomène va entraîner des mécanismes de régulation de façon à obtenir en quelques jours un remplissage cardio-pulmonaire équivalent à celui observé sur Terre. En revanche, la volémie est diminuée. Au retour du vol spatial, sous l'influence de la gravité, le sang est à nouveau attiré dans le segment inférieur avec cette fois-ci un remplissage cardio-thoracique diminué. Cette hypovolémie s'accompagne de 30 à 50 % de syncope au retour à la gravité. « L'hypovolémie n'explique pas à elle seule la syncope : d'autres facteurs sont évoqués comme l'augmentation de la compliance veineuse, l'altération de la régulation hormonale de la volémie, une modification du système nerveux autonome et, en particulier, de la régulation réflexe de la pression artérielle. » Pour mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques, l'équipe d'Angers s'intéresse aux relations entre la sensibilité à la volémie et la régulation cardio-vasculaire. Des Tilt-tests de l'espace ont été mis au point qui consistent à enfermer le segment inférieur du corps dans un caisson étanche et à effectuer une dépression de façon à attirer les liquides corporels au niveau des extrémités inférieures. Cette dépression est contrôlable : deux niveaux de dépression sont particulièrement étudiées (- 45 mmHg entraînant un déplacement liquidien équivalent à celui de l'orthostatisme sur Terre, mettant en jeu la régulation de la volémie et de la PA, ou - 25 mmHg ayant très peu d'effets sur la PA mais retentissent sur la volémie. Ces tests ont été réalisés sur des cosmonautes de la station Mir, avant le vol, dans l'espace (très peu nombreux à cause de contre-indications cardiaques) et après le vol spatial.
Les modifications observées, et notamment la tachycardie, avant et après le vol, mettent en évidence une probable anomalie de la sensibilité des barorécepteurs à la volémie, ce qui influe sur la régulation de la pression artérielle. Le stress et la surcharge de travail assumée par les cosmonautes participent à ces phénomènes.
D'après la communication du Dr Fortrat (Angers).
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