L'enfermement des femmes

L E cinéaste iranien, déjà primé dans des festivals internationaux pour ses deux premiers films (« le Ballon blanc » et « le Miroir ») a eu bien du mal à tourner « le Cercle » et à obtenir qu'il sorte du pays pour être présenté à Venise, où il a obtenu le Lion d'or ; en Iran, le film n'est toujours pas autorisé.

C'est que « le Cercle », s'il n'est pas ouvertement militant, est très critique pour une société qui emprisonne les femmes. Sans avoir l'air d'y toucher, sans grandes déclarations, avec seulement quelques personnages qui courent dans la ville, Panahi décrit l'enfermement des femmes, qui ne se manifeste pas seulement par le port du voile. Il y a celle qui accouche d'une fille et qui risque le pire de sa belle famille qui attendait un garçon ; celle qui cherche en vain à avorter ; celle qui ne peut prendre le bus seule ; celle qui veut abandonner sa fille pour qu'elle ait une meilleure vie ; celle qui doit accepter la seconde femme de son mari ; celles qui, prisonnières en permission, tentent vainement d'éviter la police, etc.
Panahi suit ces femmes au plus près, silhouettes noires tentant de se frayer un chemin dans un monde fait par et pour les hommes. On ne sait pas grand chose d'elles, sinon leur détresse, leur fuite du moment, et le cinéaste n'alourdit pas sa narration par des dialogues inutiles. Sa mise en scène, fluide, encercle ses personnages pour mieux montrer leur absence de liberté et l'on étouffe avec elles.
Un film noir comme les costumes obligatoires des femmes (sauf à l'hôpital, mais les femmes en blanc n'en sont pas moins prisonnières) mais qui par son existence même témoigne de l'espoir d'un changement. Un espoir traqué sur ces visages émouvants.