Les gynécologues s’inquiètent de l’explosion des césariennes dans le monde

Publié le 18/10/2018
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En 2000, 12,1 % des accouchements dans le monde se déroulaient par césarienne, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Unicef. Ils étaient plus de 21,1 % en 2015. Si l’Europe de l’Ouest est relativement préservée (passant de 19,6 à 26,9 % en 15 ans), le taux de césarienne en Amérique du Sud et dans les Caraïbes atteint 44,3 % (57 % au Brésil). En Amérique du Nord, la proportion de césariennes est passée de 24,3 % à 32 % en 15 ans. En France, une femme sur cinq accouche aujourd’hui par césarienne, d’après la Haute autorité de santé. Un chiffre stable depuis le début des années 2000.

Césarienne de confort

La césarienne est indiquée en cas de détresse fœtale, d’hémorragie ante-partum, de présentation du fœtus par le siège ou encore d’utérus cicatriciel. Mais force est de constater que les raisons de son recours sont loin d’être uniquement médicales. Dans les pays les plus riches, les césariennes de « confort » sont de plus en plus pratiquées : elles permettent de programmer la date de l’accouchement et d’en réduire la durée. Pour le praticien et l’hôpital, l’acte est aussi facturé plus cher. Les auteurs constatent enfin un lien entre le niveau d’éducation des femmes et leur taux de césarienne : au Brésil, 54,4 % des naissances par césariennes concernent les femmes éduquées, contre 19,4 % des femmes ayant le moins accès à l’éducation.

La formation médicale en question

Dans les pays en transition économique, les femmes accouchent moins à la maison. Elles ont davantage accès aux établissements de santé : le nombre de césariennes augmente en proportion. Dans les zones rurales ou certains pays pauvres, enfin, la césarienne peut venir pallier un manque de formation ou une incapacité à prendre en charge des accouchements difficiles. Toutefois, c’est dans ces régions que les taux de césariennes sont les plus faibles (entre 0 et 6 % au Soudan ou au Bangladesh). D’une manière générale, les auteurs constatent que les femmes les plus pauvres et les plus vulnérables ont le moins accès à la césarienne, conduisant à une mortalité maternelle et infantile accrue.

Dans « The Lancet », Marleen Temmerman et ses collaborateurs alertent : « la fréquence actuelle des césariennes questionne la formation médicale : les jeunes médecins sont devenus experts en césarienne mais ils sont en train de perdre une part importante de leur expertise en accouchement par voie basse. »

Sophie Coisne

Source : Le Quotidien du médecin: 9695