Médecine esthétique

Les hommes ont des besoins spécifiques

Publié le 15/10/2015
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La volonté de bien vieillir a entraîné une augmentation des actes

La volonté de bien vieillir a entraîné une augmentation des actes
Crédit photo : PHANIE

Les études publiées dans les revues scientifiques américaines sont unanimes : aux États-Unis et en Europe, les hommes représentent entre 10 et 12 % des patients dans les cabinets de médecine esthétique. Un taux qui reste constant depuis la dernière décennie. « Dans les faits, nous observons une augmentation du nombre d’hommes traités dans nos cabinets. Mais cette hausse n’est que le reflet de l’augmentation générale (tous âges et sexes confondus) du nombre d’actes esthétiques réalisés depuis quelques années », souligne le Dr Patrick Trevidic, chirurgien plasticien, chef de service de chirurgie maxillo-faciale et stomatologie au sein de CH Sainte-Anne (Paris).

Les actes sollicités par les hommes témoignent, le plus souvent, d’une volonté de bien vieillir, de réduire les signes du temps. « Les hommes nous consultent, en premier lieu, pour traiter leurs rides. Ils nous demandent d’effacer les rides du lion, de la glabelle (entre les sourcils) ou celles du front par le biais d’injections de toxine botulique. Le traitement des pommettes, des cernes et du bas du visage - notamment des sillons naso-géniens - par injection d’aide d’hyaluronique est également largement plébiscité », précise le Dr Trevidic. De plus en plus d’hommes désirent, en effet, redonner du volume à leur visage ou de traiter les cernes creuses.

Effacer les défauts visibles et installés

Concernant les rides, les hommes commencent à recourir à la médecine plus tard que les femmes. Leur peau étant plus résistante (car plus épaisse et plus grasse), les marques du vieillissement se font plus discrètes. Les hommes agissent, par ailleurs, moins souvent que les femmes, à titre préventif. Leur demande de traitement s’effectue lorsque les effets du temps sont déjà bien présents.

« La chirurgie de la calvitie (implantologie du cheveu) est la deuxième demande la plus importante chez l’homme, même si elle tend à diminuer ces dernières années. Cela est notamment dû à l’influence des personnalités de la télévision et du cinéma qui n’hésitent plus à afficher leur crâne dégarni ou rasé. En revanche, le traitement des paupières qui s’affaissent est en hausse. Cette chirurgie bien protocolisée - qui s’effectue avec une simple anesthésie locale et nécessite une semaine seulement d’éviction sociale - est très demandée. Elle permet de rendre le regard moins triste, moins fatigué. Le résultat naturel est souvent très apprécié », affirme le chirurgien.

En matière d’esthétique, la demande des hommes est néanmoins paradoxale : ils souhaitent, en effet, que l’acte réalisé donne un résultat, à la fois, naturel et visible. Contrairement aux femmes, ils ne recherchent pas tant l’embellissement que l’atténuation de véritables défauts. « La rhinoplastie est un acte très fréquent : elle concerne surtout la réparation de nez bossus, cassés ou très déviés. La liposuccion des poignées d’amour, du ventre et/ou du thorax (pour supprimer la gynécomastie) est, par ailleurs, un acte très demandé », note le Dr Trévidic.

Lorsque la graisse localisée est peu importante, la cryolipolyse (réduction des bourrelets par le froid) est également une alternative simple et fiable à la liposuccion. « Les hommes sont beaucoup mieux informés qu’il y a dix ans sur la médecine esthétique et ses innovations. Ils nous posent beaucoup plus de questions concernant la technique des actes effectués que les femmes, conclut le Dr Trévidic. Plus douillets, ils sont aussi plus nombreux que les femmes à nous interroger sur le risque de douleur après une intervention chirurgicale. »

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9441