Les hospitaliers font la preuve de leur force

Publié le 07/02/2001
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M ECONTENTS des propositions des pouvoirs publics en matière d'évolution de leurs carrières, les hospitaliers publics l'ont fait savoir, mardi, à la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou. Manifestement, ils ont été, pour une partie d'entre eux, entendus : la ministre a annoncé qu'elle allait prendre des mesures en faveur des infirmiers spécialisés.

A l'appel de l'ensemble de leurs syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CGC, SUD et UNSA), ce sont plusieurs milliers d'hospitaliers (10 000 selon les organisateurs, 5 000 selon la police) qui ont défilé à Paris, depuis Denfert-Rochereau jusque sous les fenêtres d'Elisabeth Guigou. A Marseille, les représentants en colère d'une vingtaine d'hôpitaux et d'une dizaine de maisons de retraite de la région se sont réunis en un cortège de 2 000 personnes. A Montpellier, une centaine de personnes ont manifesté, puis cinquante d'entre eux ont envahi les voies de la gare et bloqué la circulation ferroviaire.
A l'origine de ces actions d'éclat : les statuts et les salaires. Sur ces deux dossiers, les syndicats espéraient, depuis la signature en mars d'un protocole d'accord avec Martine Aubry, obtenir d'importantes avancées. Ils ont été déçus. Ouvertes en octobre 2000 par filières (ouvrière, technique, administrative et paramédicale, qui englobent à elles quatre 80 professions), les négociations ont laissé les hospitaliers en général - et particulièrement les cadres et les infirmières spécialisées - sur leur faim. A l'instar de la CGT, majoritaire parmi les 700 000 agents de l'hôpital public, les syndicats jugent que les propositions que leur a fait, pour l'instant, le gouvernement « ne traduisent pas une volonté offensive ». En termes de déroulement des carrières, de réajustement des échelons, les attentes des personnels n'ont pas trouvé d'écho proportionné du côté des pouvoirs publics. Cela, jusqu'à ce qu'ils descendent dans la rue, puisque, mardi, Elisabeth Guigou a indiqué qu'elle allait créer pour les infirmières spécialisées (en anesthésie-réanimation - les IADE - et dans les blocs opératoires - les IBOD -, deux catégories en grève depuis la mi-janvier) « une grille spécifique », afin de prendre en compte leurs « responsabilités particulières ». La ministre a précisé qu'elle allait aussi soumettre aux syndicats un « décret d'actes infirmiers ».

Les médecins aussi

Du côté des médecins, une centaine de praticiens représentant une vingtaine d'hôpitaux s'est jointe, mardi, au cortège parisien des personnels. A l'appel de la CMH (Coordination médicale hospitalière), du Syndicat des urgences hospitalières (SUH) et du Syndicat des chirurgiens hospitaliers (SCH), l'accent était mis sur la pénurie médicale à l'hôpital public. L'annonce par Elisabeth Guigou de la réunion cet après-midi d'un groupe technique de travail sur cette question n'a pas suffi à calmer les esprits . « C'est bien, explique le Dr François Aubart, président de la CMH, mais ce dont la démographie médicale a besoin, c'est de choix politiques ; au plan technique, tout est à peu près connu. »

Karine PIGANEAU

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6852