Le combat contre l'antisémitisme est-il un truc de vieux ? Les jeunes ont en effet brillé par leur absence le 19 février dernier Place-de-la-République à Paris. La mémoire, le souvenir ont-ils définitivement perdu la bataille face aux réseaux sociaux, avec leur culte de la punchline et du présentéisme ? À quoi ont servi alors les cours d'histoire, les plaques apposées dans les années quatre-vingt-dix sur les façades des écoles publiques de la Capitale rappelant comment des enfants parce que nés juifs ont été exterminés dans les camps nazis ? La pédagogie mémorielle classique a semble-t-il échoué. Il faut en dresser le constat de décès. Que faire alors ? Le très beau livre de Philippe Apeloig, somme photographique recensant les plaques installées dans tous les quartiers de Paris et consacrées à la période 1939-1945 s'inscrit certes dans la veine classique du combat contre l'oubli. Il perpétue l'histoire familiale d'une famille brisée mais aussi sauvée pour certains de ses membres de l'extermination promise. Mais en échappant au communautarisme, en célébrant de la même manière héros et anonymes dans une communauté cette fois de destin, le livre distille une émotion qui devrait réunir au-delà du public visé par ce type d'ouvrage. On se souvient ici aussi bien de Robert Desnos, le poète (p. 301) que de Louis Desnos, gardien de la paix, « tombé pour la libération de Paris » (p. 320). Certains sont morts pendant ces années noires. D'autres ont survécu. Seuls sont absents les salauds. Y a-t-il encore une chance pour que les jeunes ne soient pas guettés par une forme précoce de la maladie d'Alzheimer ?
Enfants de Paris 1939-1945, Philippe Apeloig, 1184 pp., 1200 illustration, éd. Gallimard, 45 euros.
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