« Un sentiment d'inachevé .» C'est celui que ressent le Dr Rachel Bocher à propos de la politique hospitalière du ministre de la Santé.
Les décisions concernant le plan Hôpital 2007 tardant à tomber, la présidente de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) dénonce l'attentisme dont fait preuve, selon elle, Jean-François Mattei.
Un exemple : le projet de modification du décret sur les directeurs de soins, dans les tuyaux depuis bientôt un an, « passe de conseil supérieur en conseil supérieur, sans jamais aboutir ».
Autre texte qui tarde à paraître : le projet de modification de l'arrêté qui réorganise la permanence des soins à l'hôpital. D'après certaines sources, le ministre de l'Economie et des Finances, mécontent de n'avoir pas été consulté sur la revalorisation des gardes, bloquerait sa sortie. Jean-François Mattei, qui s'est engagé auprès des syndicats à ce que leur paiement passe progressivement de 300 à 450 euros d'ici au 1er janvier 2005, ne peut être désavoué sur cette affaire. Du coup, ça traîne.
« On est dans une situation préoccupante car le courrier adressé aux hôpitaux permettant de payer les indemnités de nuit n'allait que jusqu'au 31 mars », note le Dr François Aubart, président de la Coordination médicale hospitalière (CMH). Le ministre de la Santé est intervenu pour que les gardes prises en avril soient payées. Ce qui n'empêche pas François Aubart de craindre des « dérapages », surtout si le texte ne paraît pas avant le 1er mai (il l'aura peut-être été au cours du week end).
Car, dans ce cas, il faudrait reconduire les mesures dérogatoires, et, surtout, « cela bloquerait la mise en uvre des organisations nouvelles, qui se font par quadrimestre ». Le président de la CMH demande instamment au gouvernement d'activer la publication de l'arrêté, « faute de quoi il y aurait un pavé dans la mare dans la mise en uvre du plan Hôpital 2007 ».
Hôpital 2007, justement : c'est le gros souci des syndicats, inquiets de l'absence totale de communication à son sujet. La remise à Jean-François Mattei des deux rapports qu'il avait commandés - sur les CHU et la gestion interne de l'hôpital public - n'a été suivie d'aucun commentaire, hormis un communiqué de presse succinct du ministère. Le Dr Aubart met le silence du ministre sur le compte du dossier des retraites : « Je crois qu'il attend de voir quel sera le paysage social après la réforme en cours. L'accouchement des premières mesures sur Hôpital 2007 ne viendra qu'après. »
Rachel Bocher fait une interprétation légèrement différente : « Le plan Hôpital 2007 est un dossier complètement lié à celui de la CNAM. Avant de nous convoquer, le ministre attend sans doute de voir comment se profile la réforme de la Sécurité sociale. »
Dans tous les cas, les décisions ne devront pas trop tarder, car la base s'impatiente et gronde, souligne la présidente de l'INPH. Son discours est invariable depuis quelques semaines : « L'heure n'est plus aux rapports, on attend les prises de position. »
Le calendrier des concertations avec les syndicats n'est pas encore annoncé. La psychiatre nantaise ne s'attend pas à être consultée avant le 15 mai. « Ce qui repousse d'autant les décisions du ministre », ajoute-t-elle à regret.
Quant à la réorganisation des maternités, le ministre a d'ores et déjà déclaré qu'il ne s'exprimerait pas sur la question avant le mois de juin. Reste que les mesures qu'il a annoncées en mars - regroupement des accouchements dans les grands centres, transformations des petites maternités en centres de périnatalité - ne sont pas du goût des sages-femmes, qui ont appelé à manifester, le 24 mai à Paris, contre « la dégradation de la prise en charge des femmes enceintes ».
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