Rédigée sous forme versifiée, la première édition des « Centuries » de Michel de Nostradamus est imprimée à Lyon chez Macé Bonhomme le 4 mai 1555. Ces prophéties sont réunies en quatrains groupés par cent formant ainsi une centurie.
Qu’avait été jusque-là la vie de leur auteur, Michel de Nostredame, né à Saint-Rémy-de-Provence en 1503 ? Après avoir obtenu un baccalauréat es arts à Avignon, Nostredame, puisque c’est alors son nom, fait ses humanités médicales à Montpellier où il a l’occasion de côtoyer François Rabelais. Il s’initie parallèlement à l’astrologie, les planètes étant censées influencer le cours des maladies. Après avoir été expulsé de l’université de Montpellier en 1529 pour avoir vendu des remèdes en tant qu’apothicaire, métier « manuel » interdit par les statuts de la faculté, on retrouve la trace de Nostredame en 1533 à Agen où il dispense des soins à domicile et se lie à Jules-César Scaliger, qui, lui aussi, se targue d’être médecin. « Ce personnage incomparable, sinon à un Plutarque », selon Nostredame fabrique des pommades et onguents.
[[asset:image:5541 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Mais si la population locale voit les deux « médecins » d’un bon œil pour leur action durant l’épidémie de peste de 1534, ils s’attirent les foudres de la Sainte Inquisition qui convoquent Nostredame à Toulouse pour lui demander de s’expliquer sur ses relations avec « un mécréant qui sentait le fagot ». Trois religieux avaient auparavant déposé contre lui, le jeune médecin ayant montré ouvertement son attachement aux valeurs naissantes du protestantisme de Luther. Ignorant la citation du tribunal de Toulouse, Nostredame préfére quitter Agen et fait entre 1540 et 1545 un tour de France où il rencontre de nombreux savants et médecins.
Un « Traité des fardements et confitures »
Vers 1543, il se rapproche de la Provence, s’installant à Vienne, la « Valence des Allobroges » où il rencontre de nombreuses célébrités comme il le narre dans son « Traité des fardements et confitures » : « A Vienne, je vis d'aucuns personnages dignes d'une suprême collaudation ; dont l'un estoit Hieronymus, homme digne de louange, et Franciscus Marins, jeune homme d'une expectative de bonne foy. Devers nous, ne avons que Francisons Valeriola pour sa singulière humanité, pour son sçavoir prompt et mémoire ténacissime… Je ne sçays si le soleil, à trente lieues à la ronde, voit ung homme plus plein de sçavoir que luy. »
En fait, le nom complet de son « Traité des Fardements et des Confitures » est « Excellent & moult utile Opuscule à touts nécessaire, qui désirent avoir cognoissance de plusieurs exquises Receptes, divisé en deux parties : La première traicte de diverses façons de Fardemens & Senteurs pour illustrer & embellir la face. La seconde nous monstre la façon & manière, de faire confitures de plusieurs sortes, tant en miel, que sucre, & vin cuict, le tout mis par chapitres, comme est fait ample mention en la Table. Nouvellement composé par maistre Michel de Nostredame docteur en Medicine de la ville de Salon de Craux en Provence, & de nouveau mis en lumière »…
Quand éclate l’épidémie de peste à Aix-en-Provence, en 1544, Nostredame va obtenir des succès avec son remède , « une poudre de senteur souveraine pour chasser les odeurs pestilentielles », qui ne peut se fabriquer qu’une fois par an, au temps des roses et qui semble efficace… Et dans tous les lieux où éclate une épidémie, il est désormais mandé comme à Lyon en 1547.
Après avoir épousé une jeune veuve de Salon-de-Provence, Anne Ponsard, en 1549, Nostredame qui a fait latiniser son nom en Nostradamus s’installe dans cette jolie cite du Midi pour y exercer les activités de médecin et d’« astrophile » comme il aime à se faire appeler.
Après un voyage en Italie, Nostradamus commence à publier à partir de 1549 des Almanachs et « Pronostications » où l’on retrouve pêle-mêle des prévisions météorologiques pour les agriculteurs, des conseils médicaux et des recettes de beauté par les plantes, le tout dans un style amphigourique et en tout cas difficile à décrypter par les éditeurs qui devaient perdre leur… latin à en juger par les nombreuses coquilles dont les textes étaient parsemées, laissant penser que Nostradamus pouvait être dyslexique.
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Une fameuse centurie sur la mort d’Henri II
En cette fameuse année 1555 donc, Nostradamus va publier ses fameuses prophéties dont certaines sont devenues célèbres et alimentent sa légende comme celle-ci :
Le Lyon jeune, le vieux surmontera,
En champ Belgique par singulière duelle,
Dans cage d'or les yeux lui crèvera,
Deux classes, une puis mourir de mort cruelle.
Ces lignes, selon les fervents croyants des prédictions de Nostradamus précisent avec exactitude la mort du Roi Henri II en duel. Le fameux duel eut lieu le 30 juin 1559. Le "jeune" Lion est le Comte Montgoméry qui avait effectivement cet animal comme emblème et le "vieux" (plus âgé) est Henri II, le roi de France. Ce fut bien lors d'un tournoi qu'arriva l'incident par un duel "amical" et initialement destiné à enjoliver le mariage de son fils. Il y eut effectivement d'abord deux affrontements puis c'est lors du troisième, que la lance du Comte Montgoméry brisée au précédent choc percuta le heaume doré du roi et perça l'œil. La mort ne fut pas instantanée ; au contraire, ce n'est que 10 jours plus tard, que le roi mourut, enfin soulagé des horribles douleurs.
Rendez-vous le 2 juillet, anniversaire de la mort de Nostradamus pour la suite et la fin des aventures du célèbre médecin astrologue…
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