Il faut, c'est entendu rajeunir le public au théâtre, dépoussiérer les grands classiques qui monopolisent les grandes scènes. Et ont valeur patrimoniale. En proposant une nouvelle version des Trois sœurs d'après Anton Tchekhov, Simon Stone joue sur l'effet marque. L'Odéon aurait-il accueilli une pièce signée de son seul nom ? Et sa mise en scène permet d'intégrer une esthétique empruntée aux séries télés où le spectateur peut tout voir et tout entendre. Grâce aux micros HF et à une maison de verre transparente, les comédiens interprètent leur rôle comme à la télé, en "naturel", sans forcer la voix. Pourquoi pas en effet ? Les grands auteurs se sont inspirés de modèles anciens. Et le travail de Simon Stone n'a rien de sacrilège. Quant aux correspondances tissées entre le monde de Tchekhov d'avant la révolution de 1917 et notre époque, elles justifient l'écriture de cette adaptation. Bref, on se laisse happer peu à peu par cette écriture contemporaine avec juste ce qu'il faut de provocation, du moins le temps de la première partie. Après l'entracte, le matériau se gâte, même s'il faut avouer que l'on ne s'ennuie pas. Fini la description d'un monde qui se meure, la pièce plonge dans le drame bourgeois. Oublié la mélancolie tchekovienne, Simone Stone s'évertue à chasser toute émotion, même lorsque tout est perdu. C'est-là bien sûr le signe de la plus grande modernité.
Odéon, théâtre de l'Europe, jusqu'au 22 décembre , un spectacle de Simon Stone, tournée 2018 au TNP Villeurbane (8 au 17 janvier) et Angers, Le Quai (16 et 17 février).
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