Tribune libre

Lettre à monsieur le Dr François Hollande : monsieur le Président et cher collègue...

Publié le 21/09/2015
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Crédit photo : DR

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Nous sommes fiers d’avoir l’honneur de partager avec vous la même spécialité, faite de rigueur dans l’analyse et dans la rapidité des traitements à apporter aux patients qui nous font confiance. C’est pourquoi nous vous serions reconnaissants d’accepter de nous recevoir dans votre bloc opératoire que nous n’avons jamais pu visiter jusqu’alors. Cette rencontre nous apparaît d’autant plus nécessaire qu’elle nous permettra d’échanger directement, entre professionnels, sur de nombreux aspects de l’exercice de notre métier commun, notamment dans le secteur public où certains hôpitaux ne parviennent plus à recruter.

Cette situation doit d’ailleurs vous être bien connue puisque dans votre « précédente affectation », à Tulle, l’hôpital recherche aujourd’hui des anesthésistes intérimaires à des conditions « hors normes » (voir une petite annonce que nous joignons à cette lettre).

Malheureusement, cette situation très dégradée est aujourd’hui généralisée. Les services de l’État semblent incapables de procéder à une étude d’impact de la crise dans les hôpitaux, avec le recensement des fermetures de sites, réductions ou cessations temporaires d’activité opératoire, urgences, etc., pendant l’été. À tel point que notre syndicat lance une enquête nationale à ce sujet. Enfin, les suites des divers rapports qui ont été dressés sous votre autorité ne débouchent jusqu’alors sur aucune disposition concrète susceptible de modifier la donne en matière d’attractivité. Les jeunes ne restent pas et les vieux s’en vont !

Ainsi, le rapport du sénateur Jacky Le Menn qui a fait l’objet de nombreuses rencontres et auditions devait-il permettre de nous projeter vers des mesures concrètes, visibles, et surtout acceptables pour mettre fin à cette spirale infernale. Ses conclusions n’ont pas été diffusées, et pourtant quelques fuites (Ah ! ces fuites, en anesthésie, on déteste, vous savez bien !) nous laissent craindre qu’il n’atteindra pas ses objectifs. Après les Rapports Véran, Couty, Toupillier, et bien d’autres, ça commence à faire beaucoup de temps perdu.

Un cas clinique qui n’a rien de désespéré

Nous pourrons alors échanger avec vous sur le réchauffement climatique qui, vous le devinez, n’est plus une vue de l’esprit dans les hôpitaux où la température devient dangereuse. Dangereuse car l’opinion publique et les soignants ne peuvent supporter plus longtemps une hémorragie de talents qui fuient le bel outil social qu’est l’hôpital public (cf. notre « Rapport qui pique » dont vous avez sûrement pu prendre connaissance).

Bien entendu, nous pourrons chercher ensemble à partager sur les moyens de traiter efficacement ce cas clinique qui n’a rien de désespéré, notre métier commun étant justement de relever les défis de la maladie et de la souffrance pour amener nos patients à la réhabilitation. C’est un objectif que nous partageons pour l’hôpital public, du moins, l’avons-nous cru avec le Pacte de Confiance.

Monsieur le Président, Cher Collègue, nous attendons donc beaucoup de la rencontre que nous espérons avec vous.

Connaissant votre humour et dans l’espoir d’être néanmoins pris au sérieux, nous vous prions de recevoir Monsieur le Président, l’expression de notre plus haute considération.

* Président du SNPHAR-E

Vice-président d’Avenir Hospitalier

Par le Dr Yves Rebufat*

Source : Le Quotidien du Médecin: 9434