L E scénario que Sally Potter a elle-même écrit parcourt les décennies au pas de charge : une petite fille juive vit dans un village russe victime d'un pogrom en 1927, elle s'embarque seule pour l'Amérique, se retrouve en Angleterre, victime du racisme, puis danseuse de revue en France à la fin des années trente ; la voici logeant chez une vieille dame juive, amie d'une Russe et figurante dans un opéra dont la vedette est un Italien fasciste et antisémite ; les Allemands arrivent, on ne dévoilera pas la suite, racontée aussi vite que mal.
Qu'on imagine, entre autres, le gitan Johnny Depp à cheval sur fond de Tour Eiffel, les policiers français arrêtant une femme juive avant même l'arrivée des Allemands, l'exode commençant sur une place de la Concorde vide, un naufrage qui résume le « Titanic » en deux minutes, sans compter les tirades racontant le nazisme aux spectateurs comme s'ils n'en avaient jamais entendu parler.
Dans cette débâcle à partir d'un sujet peut-être pas neuf mais riche de possibilités, les acteurs n'ont pas le beau rôle. Christine Ricci garde le même air abattu et la même silhouette sans vie tout au long du film ; Cate Blanchett a l'air d'une personne différente de celle qui nous avait séduit dans le rôle de la reine Elizabeth (le film de Shekhar Kapur) ; Johnny Depp en gitan au grand cur et John Turturro en ténor italianissime sont ridicules ; quant au pauvre Harry Dean Stanton, on se demande vraiment ce qu'il fait là.
C'est d'autant plus dommage que Sally Potter semble avoir eu les moyens financiers de ses ambitions. Quand on viole l'histoire, il faut être sûr de lui faire un bel enfant.
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