I L est vrai que des patients souffrant de lombalgies depuis au moins six semaines sont davantage satisfaits des soins si des clichés ont été prescrits. Satisfaction toute intellectuelle, car, dans les faits, le cliché ne change pas grand-chose à leur état de santé. C'est là le message majeur d'un travail britannique paru dans le « British Medical Journal ». L'information ne semble pas totalement neuve. Elle a déjà fait l'objet de petites études, mais les diverses recommandations sur ce thème ne s'accordent pas sur cette conclusion.
Un plus grand nombre de consultations
C'est à Nottingham (Royaume-Uni) que Denise Kendrick et coll. ont tenté d'apporter leur contribution au débat. Ils ont enrôlé 421 patients souffrant, depuis 10 semaines en moyenne, de lombalgies et les ont scindés, au hasard, en deux groupes. Pour le premier groupe, on a fait des clichés, pour l'autre, non. Des échelles d'évaluation de la douleur, de l'état de santé, de satisfaction ont été utilisées à 3 et 9 mois.
Certes, le groupe d'intervention a rapporté un peu moins de lombalgies au 3e mois (RR : 1,26), mais les sujets décrivent un état de santé moins bon selon les tests et une évaluation « à la limite supérieure » en ce qui concerne les douleurs. Dans ce groupe de patients radiographiés, il a été relevé un plus grand nombre de consultations médicales au cours du premier trimestre suivant l'examen. Ces patients se sont montrés satisfaits de leur prise en charge au 9e mois, contrairement à ce qu'ils déclaraient au 3e mois.
Comme on pouvait s'y attendre, quel que soit le groupe, 80 % des sujets enrôlés se sont déclarés favorables à un examen radiographique si on leur laissait le choix. Les auteurs notent que la découverte d'une anomalie radiologique ne change pas le cours des événements. Ils constatent que, si la réalisation des clichés n'est guère contributive, elle occasionne un surcroît de travail pour le médecin traitant.
En conclusion, D. Kendrick et coll. suggèrent que « les recommandations sur la prise en charge des lombalgies devraient s'orienter vers une non-prescription de radiographie, en l'absence de signes évocateurs d'affection rachidienne sévère, même si les douleurs persistent depuis au moins 6 semaines. Les patients radiographiés sont davantage satisfaits de leurs soins. Le défi dans les soins initiaux est d'accroître cette satisfaction sans recourir aux clichés.»
« British Medical Journal », vol. 322, 17 février 2001, p. 400-405.
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