Une maison de santé pluriprofessionnelle qui partage ses locaux avec un centre de santé sur un site hospitalier : telle est la configuration peu commune du pôle de santé de Lure (Haute-Saône), qui a ouvert ses portes en avril 2018.
Dans un département fortement percuté par la désertification médicale, ce « montage exceptionnel dans la galaxie de la santé » doit permettre de mieux organiser les parcours de soins, « depuis la médecine de premier recours jusqu'aux consultations avancées au centre hospitalier », souligne Pierre Gorcy, délégué départemental de l'agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté.
À l’origine de ce pôle de santé : la mobilisation des acteurs locaux qui ont recherché un moyen innovant pour dynamiser l'exercice médical dans cette commune de 8 350 habitants. En une quinzaine d'années, l'hôpital a perdu sa maternité, ses soins intensifs, ses urgences et son service de cardiologie. La ville fait aussi triste mine. « Il y a cinq ans, Lure comptait encore 11 médecins généralistes », relate Pierre Gorcy. Au lancement du projet, elle ne comptait plus que deux libéraux. Ils sont désormais quatre généralistes : deux salariés du centre – où un cardiologue assure aussi des vacations – et deux libéraux en maison.
La liberté d'exercice préservée
L'enjeu véritable du pôle de santé est de séduire de façon pérenne de jeunes médecins. Avec sa constitution spécifique – les locaux ouvrent un accès direct, sans sortir, au centre hospitalier – le pôle veut proposer aux jeunes professionnels un cadre d'exercice stimulant et sécurisant. « En cas de doute, on peut envoyer très vite nos patients vers l'hôpital », témoigne le Dr Claude Offroy, ex-médecin libéral qui, proche de la retraite, a opté pour le salariat (à mi-temps). Un patient est venu me voir pour des douleurs à la poitrine. Je suspectais un infarctus. Je l'ai orienté vers l'hôpital qui, effectivement, a confirmé que c'était ça. »
Autre avantage : l'implication du centre hospitalier dans la gouvernance du pôle de santé permet de monter des projets de santé impliquant toutes les ressources médicales qui sont sur le secteur. « Nous avons déjà initié un premier projet pour le suivi des femmes enceintes qui sont en surcharge pondérale, précise le Dr Offroy. Elles viennent une fois par mois sur le site pour rencontrer une sage-femme et une diététicienne. »
« Je pars en retraite dans deux ans, relève de son côté le Dr Jean-Luc Beyer, autre médecin libéral. Si je veux trouver un successeur, je pense que j'ai plus de chances d'y arriver avec cette organisation ». L'exercice de la médecine générale est facilité par un effet de proximité. Lorsqu'un professionnel a une question sans réponse, « il va frapper à [l]a porte » d'un confrère voisin, dit le Dr Offroy.
La mise en commun des dossiers médicaux est également une chance. Les médecins s'organisent autour du patient, reçu indifféremment par un professionnel libéral ou salarié. Cette coopération ne modifie en rien la liberté d'exercice des libéraux, qui, contrairement aux salariés, ne pratiquent pas le tiers payant et qui pourraient, s'ils le souhaitaient, appliquer des dépassements d'honoraires.
Le groupement hospitalier de Haute-Saône et la communauté de communes ont également doté les locaux d'un appartement pour héberger les internes pendant leurs périodes de stage. Le bâtiment, au total, a coûté 1,5 million d'euros, financés à 30 % par la communauté de communes et à 70 % par des subventions émanant de l'État, de l'Europe, du conseil régional de Bourgogne Franche-Comté et du conseil général de Haute-Saône.
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